QUI
NE FLATE POINT,
DU S ͬ DE HAUTE-ROCHE,
Chez CHARLES DE SERCY, au Sixiéme Pilier
de la Grand’Salle du Palais, vis à vis la Montée de
la Cour des Aydes, à la Bonne-Foy couronnée.
M. DC. LXIX.
AVEC PRIVILEGE DU ROY.
Édition critique établie par Maé Touitou dans le cadre d’un mémoire
de master 1 sous la direction de Georges Forestier (2017-2018)
Commentaire critique §
Introduction §
C’est en juillet 1668 sur la scène du théâtre de l’Hôtel de Bourgogne que débute la carrière d’auteur dramatique de Noël le Breton dit Sieur Hauteroche. Il est jusqu’alors surtout connu comme acteur, L’Amant qui ne flatte point marque le début d’une importante production théâtrale. Quelques années plus tard, le coup d’essai se transforme en véritable coup de maître avec Crispin médecin en 1670 et Crispin musicien en 1674.
La pièce pique d’emblée la curiosité du spectateur avec son titre oxymorique qui désigne Geraste, ce gentilhomme nantais venu à Paris pour épouser Lucrece, la fille d’Anselme. Avec ce titre, Hauteroche semble promettre aux spectateurs une comédie faite de situations insolites et cocasses.
Noël Le Breton, sieur de Hauteroche : éléments biographiques §
La légende §
Les études sur la vie de Hauteroche relèvent à la fois de l’analyse de source et du récit romanesque. En effet, les informations biographiques dont nous disposons sur lui sont fragmentaires. Il en va de même pour les documents qui attestent son existence, ils ne remontent pas en amont de l’année 1654. Ces lacunes ont ainsi été comblées par des développements qu’il convient de mettre en doute. La version de la jeunesse du comédien-poète qui s’est transmise jusqu’au début du XXe siècle, est invérifiable et quasi légendaire.
Hauteroche, de son véritable nom Noël Le Breton, serait né selon les biographes du XVIIIe siècle vers 1617 et mort le 14 juillet 1707 « à l’âge de quatre-vingt-dix ans »1. Toutes les biographies de l’auteur mettent en scène une même version de sa jeunesse, la légende apparaissant pour la première fois dans les Œuvres de M. de Hauteroche publiées en 1772. Les libraires affirment dans leur Avis liminaire que le Chevalier de Mouhy2 a bien voulu leur transmettre ces informations restées jusqu’alors inconnues. Le caractère légendaire et romanesque du récit de cette jeunesse transparait dans les comparaisons explicitement littéraires3 des éditions ultérieures. Les biographes dressent le portrait d’un jeune homme issu d’une famille aisée qui voit ses aspirations militaires et sa soif d’aventure contrariée par la volonté d’une mère possessive et autoritaire. Il se retrouve ainsi promis à l’achat d’une charge de conseiller au Châtelet et à un mariage arrangé avec la fille d’une amie de sa mère. Pour échapper à ce destin, Noël Le Breton fugue en Espagne avec l’espoir de se faire engager comme soldat dans les troupes du pays. Toutefois ses rêves de grandeur militaire sont vite déçus et après avoir dilapidé au jeu, dans les environs de Valladolid, la fortune qu’il avait dérobée de la maison paternelle, il s’engage à Valence au sein d’une troupe de comédiens français qui jouait auprès du gouverneur de cette province. Il aurait ensuite été choisi pour être le responsable d’une troupe ambulante allemande. La date de son retour à Paris, ainsi que les détails des événements qui précèdent, nous sont totalement inconnus. C’est lors de ce retour à Paris que Noël Le Breton aurait adopté le pseudonyme de Hauteroche pour nom de scène.
Les documents §
Les premiers éléments fiables concernant la vie de Hauteroche datent du 1er avril 1654 : il s’agit d’un contrat d’association d’acteurs, pour la formation d’une troupe de comédiens de campagne sous la direction de Hauteroche lui-même. Le contrat, valable un an, est signé « en la maison du Sr de Surlis rue d’orléans Maretz du Temple », et laisse supposer qu’il existe une certaine relation entre le comédien et cette famille. Il répertorie parmi les membres de la troupe Madeleine et Estiennette, deux des filles Desurlis, et mentionne la promesse de recevoir la troisième fille, Catherine, quand celle-ci le demandera. Selon S. W. Deierkauf-Holsboer, Hauteroche aurait probablement auparavant formé les filles Desurlis dans sa troupe de comédiens de campagne, troupe qui aurait pu ainsi exister bien avant 1654. On sait par ailleurs que Madeleine et Estiennette ont été formées dans une troupe de province, qu’elles intègrent respectivement en 1652 et 1653 : il est plausible qu’il s’agisse de la troupe de Hauteroche. Quant à la troisième sœur Catherine, on sait qu’elle a intégré une troupe de ce type après la faillite de L’Illustre-Théâtre en 1645 et on pense qu’elle aurait déjà travaillé avec Hauteroche, ce qui expliquerait la promesse faite de l’engager sans condition. Ainsi, cette troupe aurait pu être déjà formée dans la seconde moitié des années 1640. En 1654, Hauteroche a joué à Fontenay-le-Comte : sur l’acte de baptême du fils de Madeleine Desurlis et de Claude Jannequin datant du 29 septembre figurent les noms de l’ensemble des membres de la troupe. On apprend aussi grâce à cet acte qu’Hauteroche était le parrain du petit garçon.
À l’expiration du contrat de société, Hauteroche et les membres de sa troupe sont retournés brièvement à Paris, et se sont joints à Laroque pour former la nouvelle troupe du Marais. Mais là-bas les contraintes matérielles les poussèrent à repartir en province à la fin de la saison 1656-1657, les propriétaires ayant refusé de baisser le loyer. Nous avons peu d’éléments concernant cette période, mais on a la trace d’un passage de Hauteroche dans le nord-ouest de la France, à Rouen en août 16574. On pense également qu’à l’instar de la Des Œillets, il a quitté Le Marais en 1662, à Pacques. Il est en effet mentionné comme comédien dans le texte de l’Impromptu de Versailles joué à l’Hôtel de bourgogne. On ignore cependant la date exacte de son retour à Paris et de son entrée à l’Hôtel de Bourgogne. Le premier élément attestant de sa présence au sein de cette nouvelle troupe date de 1660. Il s’agit d’une signature apposée sur un bail. Hauteroche semble avoir été engagé en remplacement de Pierre Hazard, dont la date de décès est incertaine5. De plus, en mars 1664, son nom apparait sur un contrat d’acteur du théâtre de Bourgogne et Raymond Poisson le fait apparaitre parmi les autres comédiens de la troupe de l’hôtel dans le Poète Basque. Ainsi, au moment de l’arrivée de Molière à Paris pour la saison 1658-1659, Hauteroche avait dû déjà rejoindre la troupe de l’Hôtel de Bourgogne, qu’il a surement intégrée en même temps que Raymond Poisson.
Il y cumula plusieurs fonctions : celle d’acteur, puis d’auteur, et enfin d’orateur à partir de 1671, lors de la retraite de Floridor. Avec ses camarades, il participe à la formation de la Comédie- Française en 1680.
Ses premiers essais d’auteur, toutefois, n’appartiennent pas au domaine théâtral : il compose quinze poèmes lyriques, publiés en 1664 par Ribou dans Les Délices de la poësie galante des plus célèbres auteurs du temps. On peut rattacher ces poèmes au salon de Madame Le Camus, qui fera, ainsi que son mari, l’objet d’une des rares dédicace de l’auteur6. Hauteroche a, semble-t-il, fréquenté ce cercle, auquel appartenaient aussi Boisrobert, Pinchesne, Perrault, Nanteuil et Chapelain. Il est surtout l’auteur de douze comédies entre 1668 et 1690.
Sa carrière d’acteur est diamétralement opposée, dans la mesure où il a joué essentiellement des rôles tragiques. Msoroins talentueux que Floridor et Montfleury, il reste cantonné dans les personnages de confidents, ceux de Racine notamment, endossant ainsi les rôles d’Héphestion dans Alexandre le Grand, de Phœnix dans Andromaque ou de Narcisse dans Britannicus.
Hauteroche se retire au printemps 1684, date à laquelle il cède sa part à Raisin l’Aîné et à Mlle Raisin contre un paiement de 300 louis d’or7. Il touche alors en tant qu’ancien acteur une pension de 1000 livres, à laquelle s’ajoutent d’autres revenus liés à ses activités de spéculateur immobilier et de créancier : la rente annuelle qui lui venait de ses débiteurs dépassait celle reçue pour sa carrière8. L’année d’après, en 1685, il se maria à Jacqueline Le Sueur.
Après son retrait, Hauteroche écrivit encore quelquefois pour le théâtre jusqu’en 1690. À partir de 1694 c’est sa femme, Jaqueline Le Sueur, qui signe pour lui les documents avec cette précision : « […] a cause de l’infirmité & perte de veüe du Sieur dautroche mon éspoux »9.
Les Œuvres de M. de Hauteroche sont publiées de façon posthume en 1736, en trois volumes imprimés par Pierre Jean Ribou à Paris. Il sera réédité en 1742, puis en 1772.
Lieu de la représentation, distribution et réception de la pièce : §
L’hôtel de Bourgogne §
L’Amant qui ne flate point a été créé le vendredi 17 juillet à l’hôtel de Bourgogne. En 1668, l’Hôtel de Bourgogne, situé rue Mauconseil10, était la principale scène parisienne. La compagnie est surtout appréciée pour ses tragédies, la comédie étant devenue la spécialité du théâtre du Palais-Royal, c’est-à-dire de la troupe de Molière. Le théâtre du Marais quant à lui, est en déclin au début des années 1660, il tire alors sa réputation des pièces à machines. Cette spécialisation croissante des différents théâtres dans les années 1660 n’empêche pas les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne de continuer à donner des comédies afin de concurrencer les succès de Molière au Palais-Royal. Ainsi, l’Hôtel multiplia la représentation de petites comédies en un acte fournies par Villiers, Montfleury, Boursault, Poisson qui devinrent très à la mode dans ces années 1660. Ainsi Hauteroche créa en 1669, un an après L’amant qui ne flate point, une comédie en vers et en un acte Le Souper mal appresté.
En 1668, les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne étaient sous la direction de Floridor et on estime que la troupe devait avoir un peu plus d’une dizaine de membres.En 1668, la troupe de l’Hôtel de Bourgogne se composait des membres suivants : Mlle Des Œillets, Mlle Beauchâteau, Villiers, Mlle De Villliers, Floridor, Mlle Floridor, Belleroche (Raymond Poisson), Mlle Poisson, La Fleur, Brécourt, Mlle Desurlis, Mlle d’Ennebaut, et Hauteroche.
Nous connaissons deux des acteurs de l’Amant qui ne flate point : Villiers qui jouait le rôle du valet Philipin et la Dennebaut ou d’Ennebaut, fille de Montfleury, qui incarnait Lucrece. Ces deux comédiens étaient très célèbres à l’époque. Villiers d’abord, de son vrai nom Claude Deschamps, entré dans la troupe en 1642 après quelques années au Marais, s’était depuis longtemps spécialisé dans le rôle de Philipin (ou Filipin) créé pour concurrencer Jodelet qui, dans les années 1640 et 1650 régnait sur le Marais. En 1668, lorsqu’il joue le valet d’Ariste dans L’Amant qui ne flate point, Villiers approche de la fin de sa carrière, qu’il interrompt deux ans plus tard en 1670. Quant à Mlle d’Ennebaut, elle était alors une des actrices vedettes de l’Hôtel, avec Mlle Beauchâteau, et Mlle Des Œillets mais celle-ci jouait surtout dans la Tragédie.
Le reste de la distribution de L’Amant qui ne flate point nous est inconnu, nous ne pouvons nous livrer qu’à des hypothèses :
Un autre acteur s’était fait remarquer depuis plusieurs années dans les rôles de valets fourbes. Il s’agit de Raymond Poisson (1630-1690), étoile montante de la comédie. Arrivé à Paris en 1660 et entré à l’Hôtel de Bourgogne la même année, il s’illustra d’abord dans les petites comédies qui suivaient en général la représentation d’une tragédie. Il a également écrit des comédies en un acte : par exemple Le Baron de la Crasse en 1662, où il se moque d’un noble de province. Enfin, Poisson est surtout celui qui a incarné le rôle de Crispin dans ses propres comédies, dans celles de Montfleury- fils, mais surtout dans celles de Hauteroche au début des années 1670. On pense en particulier à Crispin médecin en 1670 et Crispin musicien en 1674. On remarquera que ce personnage type du valet fourbe, est absent de notre pièce. En effet, Philipin est prudent, peureux voire couard. Quant à Licaste, le valet de Geraste, c’est le valet rusé, gentillet, balourd, porté sur la boisson. Philipin et Licaste héritent chacun d’une partie des attributs du valet traditionnel de comédie.
Étant donné l’âge de Floridor, né en 1608, il a soixante ans, il est possible qu’il assumait le rôle d’Anselme. Cette hypothèse est d’autant plus probable que le rôle d’Anselme se révèle être au cours de la pièce, un rôle central, ce qui convenait à un acteur de la réputation de Floridor dont le talent pouvait être mis en lumière par les monologues prévus pour le rôle. À l’inverse, Ariste devait être interprété par un jeune acteur à belle allure : par exemple Brécourt, qui avait alors trente-deux ans.
L’action se déroulant devant l’entrée de la demeure d’Anselme, la scène représentait sans doute une rue et la devanture d’une maison bourgeoise. C’est ce qu’on appelle le « carrefour comique ». Cet espace central est un lieu ouvert, public, il permet de se faire rencontrer fortuitement des personnages qui n’en avaient pas l’intention (voir la scène du baiser à laquelle assiste Geraste), voire qui ne se connaissait pas. Il répond à une nécessité dramatique : la pièce a besoin s’un tel lieu pour que l’intrigue puisse progresser. Le carrefour comique est particulièrement intéressant quand l’opposition entre l’intérieur et l’extérieur est exploitée par l’action. Anselme souhaite marier sa fille et veut savoir donc qui est son gendre. Il s’agit pour lui d’accueillir, de faire entrer dans son foyer le vrai Geraste. Il n’est donc pas anodin que la pièce se joue devant sa porte. L’entrée ou la sortie de scène, qui constitue (entrée ou sortie de la maison) a des enjeux dramatiques forts. A plusieurs reprises, il est fait mention de la rue et de la maison d’Anselme. Ainsi au vers 101 Geraste dit en s’adressant à Anselme « Vous marchez dans la Ruë ainsi que fait un Fou » ; Lucrece déclare au vers 1488 pour justifier sa fuite « Il n’estoit pas raison de rester dans la Ruë » ; Florence s’exclame vers 1643 « Dans la Ruë ! » quand Philipin lui réclame un baiser. Enfin au vers 1646, Anselme qui cherche à démasquer l’imposteur dit à Philipin « Que fais-tu dans la Ruë ? as-tu quelque secret… ». La didascalie qui précède le vers 1645 montre bien que la scène se joue juste devant chez Anselme, on lit ainsi « Anselme sortant de sa Maison ».
Quand la pièce s’achève tous les personnages s’apprêtent à rentrer chez Anselme, « Entrez avec nous, on vous dira l’histoire. » vers 1808.
Réception critique §
La critique contemporaine de la création de la pièce se réduit à la Lettre en vers à Madame de Robinet11 qui rapporte les nouvelles mondaines. Dans sa livraison du samedi 14 juillet 1668, il recommande à ses lecteurs cette pièce « rempli[e] de morale et d’esprit » qu’il qualifie de fort divertissante.
Notre AMANT QUI NE FLATTE POINTSe présente ici tout à point,Car il est juste que je dieUn mot de cette Comédie.C’est un Sujet très bien écrit,Rempli de morale et d’esprit,Où, d’ailleurs, l’Intrigue est plaisanteEt tout à fait divertissante.De HAUTEROCHE en est l’Auteur,Et chaque Actrice et chaque ActeurDe la SEULE TROUPE ROYALEEn cette Pièce se signale,Surtout la belle DENNEBAUT,Où je ne trouve aucun DéfautQue, pour moi, son peu de tendresse.Lecteurs, allez voir cette Pièce,Et, dessus moi, vous assurezQue bien contents vous en serez.
Toutefois, cette critique élogieuse ne nous éclaire pas sur la réception de la pièce, on ignore si L’Amant qui ne flate point a remporté ou non un franc succès.
Au XVIIIe siècle ce sont les frères François et Claude Parfaict qui contribuèrent à 0fixer la critique d’un grand nombre de pièces du siècle précédent dans leur impressionnante Histoire du théâtre françois, depuis son origine jusqu’à présent, parue entre 1739 et 1745. Dans le paragraphe consacré à L’Amant qui ne flate point, les frères Parfaict déclarent qu’il ne faut pas juger Hauteroche sur ce premier ouvrage. La pièce est à leur yeux un coup d’essai : ils rappellent que l’auteur lui-même dans son Avis au lecteur l’avait condamnée à rester dans son cabinet pour s’en divertir avec ses amis et que s’il avait entrepris l’écriture de cette comédie ce n’était que pour « se taster sur ce genre de Poësie ». En effet, Hauteroche n’avait pas pour projet de faire représenter sa pièce, ce n’est que sur les vives instances de ses amis comédiens de l’Hôtel de Bourgogne qu’il le fait ou plutôt se déclare forcé de le faire. Le jugement qu’ils portent sur la pièce est loin d’être élogieux :
« Ajoutez à ces raisons, que la pièce est froide d’un bout à l’autre, et n’offre pas une scène qui soit un peu plaisante, que l’intrigue est des plus communes, les personnages vicieux et inutiles, et le dénouement ridicule. (…) A l’égard de la versification, elle est assez passable. »12
Résumé de l’intrigue §
Acte I. §
Philipin se plaint auprès de Florence de la bizarrerie de la conduite de son maître Ariste, qui est l’amant de Lucrece, la maitresse de Florence. Il apprend par celle-ci l’origine du mal de son maître : un gentilhomme de Nantes, neveu d’un ami de jeunesse d’Anselme est arrivé à Paris pour épouser Lucrece. Par ailleurs, ce rival aux manières singulières possède 7000 écus de rente tandis qu’Ariste, dans l’attente du gain du procès de son père, n’a pas de bien. Anselme accompagne Geraste à son logis et sur le chemin les deux hommes font connaissance. Geraste, fidèle au portrait dressé plus tôt par Florence, fait preuve d’une franchise* déconcertante, qui aux yeux d’Anselme frôle l’incivilité. Anselme revendique une nécessaire complaisance dans les rapports humains tandis que pour Geraste la sincérité passe avant toute chose. Chacun corrigerait autrui comme son propre frère et lui permettrait ainsi de se défaire de ses défauts. L’entretien est interrompu par l’apparition au loin de Lucrece. Lors des présentations d’usage, Geraste se distingue par son attitude peu commune. Loin de flatter sa promise, il bannit tout discours galant et se lance dans un développement enflammé sur sa haine du cocuage. Il remet à Anselme une lettre de son oncle Sbroct. Anselme resté seul lit la lettre que lui a adressée Sbroct. Ce dernier le prévient des manières brusques de son neveu tout en lui assurant qu’il a un bon fond d’âme. Il s’excuse également de ne pas pouvoir être présent au mariage en raison de sa goutte.
Acte II §
Tandis qu’Ariste s’excuse de son comportement, Philpin lui annonce que Geraste est arrivé en ville et qu’il est reçu en ce moment même par Anselme. Florence arrive et lui remet une lettre de Lucrece dans laquelle elle lui propose de tendre un piège à son père en se faisant passer pour Geraste. Anselme qui n’a jamais vu le vrai Geraste ne pourra démasquer l’imposteur d’autant plus qu’elle lui envoie la lettre remise par Geraste à son père pour qu’il la recopie. Ariste retrouve alors espoir. Philipin craint les conséquences de cette supercherie et en fait part à Florence qui ne le prend guère au sérieux et met alors en doute l’amour qu’il lui porte. Elle lui annonce aussi que Geraste a un valet nommé Licaste. Après avoir contrefait les lettres, Ariste rejoint Philipin et Florence, il lui rend les lettres. Geraste apparait au loin, le groupe se disperse. Anselme reconduit Geraste à la porte qui affirme une fois encore qu’un véritable ami ne doit point dissimuler sa pensée mais au contraire dire franchement les choses. Ils sont interrompus par l’arrivée de Licaste. Ce dernier leur apprend qu’un homme est venu dans leur hôtellerie et qu’il cherche Geraste et monsieur son beau-père. Geraste part alors à la recherche de cet inconnu. Anselme resté seul, prend la décision de ne plus contester son gendre qui est à son goût trop critique. Il interpelle sa fille pour connaitre son avis sur Geraste. Lucrece lui dit qu’elle fera son devoir, si Geraste plait à son père alors il lui plait. Florence vante les mérites de Geraste pour endormir tout soupçon. Anselme les quitte pour aller voir son beau-frère, Florame. Florence, fière de leur prestation, se réjouit mais Lucrece, inquiète, supporte mal de trahir son père.
Acte III §
Geraste est de retour, il ordonne à son valet d’attendre l’inconnu et de le conduire chez Anselme. Il annonce à Anselme qu’il n’a pas trouvé l’homme lorsque Licaste revient. Après avoir posé plusieurs questions sans importance à son maître, il retourne à l’auberge. Ariste qui se fait passer pour Geraste se présente à Anselme et lui remet la lettre qu’il a contrefaite. Anselme est pris au dépourvu, il décide de confronter les deux Geraste. Tous deux crient à l’imposture devant un Anselme plus désorienté que jamais. Anselme interpelle sa fille et lui demande son avis sur la situation. Sur ces faits, Licaste revient avec Kerlonte qui annonce qu’il recherche Geraste qui a trompé sa sœur et a eu des enfants avec elle. Les deux Geraste restent interdits et dénoncent un stratagème. Geraste et Ariste assurent être le vrai et l’unique Geraste et ne pas être impliqués dans cette histoire. Dans un périlleux échange où les menaces de coups fusent, Licaste et Philipin revendiquent tous deux être le valet de Geraste, gentilhomme de Nantes.
Acte IV §
Anselme demande à « Geraste » de ne pas se trouver chez lui en même temps que l’autre Geraste. Dans un long monologue, Anselme s’étonne de la réaction des Geraste face à Kerlonte et s’inquiète de la véracité de cette accusation. Par ailleurs, il soupçonne un très court instant sa fille d’être impliquée dans ce mystère avant de rejeter cette idée. Il se décide à consulter son beau-frère sur le sujet, bien qu’il ne soit pas toujours d’accord avec son raisonnement. Anselme fait part de la situation à Florame qui laisse entendre que Lucrece pourrait ne pas être aussi ingénue que son père le pense. S’ensuit alors une vive discussion sur la façon d’éduquer son enfant dans laquelle les deux hommes n’ont de cesse de s’opposer. Anselme rentre chez lui et rapporte à sa fille les accusations portées par son oncle à son encontre. Florence critique alors avec force Florame. Anselme demande à sa fille lequel de deux Geraste est, selon elle, le vrai. Restées seules, Florence réconforte sa maitresse lorsque Philipin arrive. Il annonce qu’Ariste brûle d’envie de la voir. Les deux amants se retrouvent, Ariste baise la main de Lucrece mais Florence aperçoit Geraste qui, de loin, a assisté à la scène. Lucrece congédie alors Ariste et rentre chez elle sous les yeux de Geraste. Ce dernier s’interroge sur ce qu’il vient de voir. Licaste incite son maître à révéler à Anselme la vérité sur les accusations de Kerlonte. Geraste rapporte à Anselme la scène du baiser dont il a été le témoin et Anselme désire alors confronter sa fille à Geraste pour qu’elle s’explique sur son attitude. Lucrece dénonce une méprise et réfute cette accusation sans preuve. L’explication qu’elle donne ne convainc guère Geraste qui se moque de la naïveté d’Anselme. Geraste avoue par la suite à un Anselme incrédule et ironique qu’il est effectivement coupable de ce que lui reproche Kerlonte. Ils se rejoignent cependant sur la nécessité de passer un accord avec lui pour régler cette affaire.
Acte V §
Florame rencontre Lisidan qui vient de gagner son procès au bout de quatorze années de tourments. Celui-ci lui raconte qu’il doit beaucoup à un gentilhomme de Nantes nommé Sbroct. Florame lui demande alors son aide pour démasquer l’imposteur qui se joue de son beau-frère. Philipin souhait que son maître se montre plus prudent, en particulier après la scène du baiser. Florence arrive, et invite Ariste à rejoindre Lucrece qui se trouve seule. Philipin resté seul dans la rue avec Florence tente d’obtenir d’elle une preuve d’amour. Anselme qui sort à ce moment de chez lui aperçoit Philipin qu’il pense être le valet de Geraste et l’interroge sur son ami de jeunesse Sbroct. Philipin, mal à l’aise, esquive les questions ou tente tant bien que mal d’y répondre mais Florence vient le sauver. Seul, Anselme décide de questionner individuellement les valets des deux Geraste dans l’espoir de découvrir la vérité. Florame présente à Anselme Lisidan qui lui propose de l’aider à confondre le fourbe. Il reconnaît alors Geraste qui apparaît au loin. Tandis que les deux hommes s’embrassent, Anselme interpelle « Geraste » pour achever de le démasquer. Quand il paraît, Lisidan reconnaît son fils. Ariste avoue alors son amour pour Lucrece et raconte leur subterfuge pour qu’elle puisse échapper à Geraste. Ce dernier, piqué dans son orgueil, déclare pour se venger, être résolu à l’épouser. Face à la duperie de sa fille, Anselme désire écouter ce qu’elle a à dire. Lucrece fait ainsi l’aveu de son amour pour Ariste mais pour satisfaire son père, consent à épouser Geraste. Ce dernier, vexé, refuse. Anselme accepte alors la demande d’Ariste et lui accorde sa fille. Anselme annonce à Kerlonte que Geraste consent de bon cœur à retourner à Nantes épouser sa sœur. Geraste déclare alors son amour pour Irénée devant Kerlonte qui est au comble de la joie. Anselme et Lisidan donnent leur accord pour le mariage de Florence et de Philipin.
Les thèmes de la pièce §
Si L’amant qui ne flate point est une création originale d’Hauteroche, on peut cependant remarquer d’emblée des similitudes avec certaines pièces contemporaines. En effet, Hauteroche est inspiré par ce qui fait le succès des pièces de son temps, en particulier ici par Le Misanthrope de Molière. Alceste est sans aucun doute le modèle de Geraste. Hauteroche met en scène un personnage éminemment comique, en décalage constant avec la société dans laquelle il vit. Comme Alceste, Geraste prône la sincérité. Il fait fi des convenances et de la bienséance, ce qui prime pour lui, c’est de dire la vérité : « Et malheur sur le chef de qui s’en choquera. », comme il le déclare au vers 162. Alceste donne à la sincérité et ce, dans tous les types de relations, la plus haute valeur. Il dit ainsi aux vers 35- 36 :
« Je veux qu’on soit sincère, et qu’en homme d’honneur
On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur »
On reconnait son influence quand on entend Geraste s’exclamer aux vers 145-146 :
« Pourquoy sans aucun fruit cacher la verité ?
Pour moy, j’agis toûjours avec sincérité »
Tout comme Alceste qui condamne l’attitude de Philinte qui relève pour lui de l’hypocrisie, Geraste dénonce l’attitude de ceux qui n’assument pas leur âge aux vers 147,148,149,150 :
« Et si j’avois cent ans, je le dirois de mesme ;Car enfin n’est-ce pas une folie extréme,D’affecter à toute heure un soin mysterieux ,Ou pour paroistre jeune, ou pour paroistre vieux. »
Hauteroche fait de Geraste le digne descendant d’Alceste, comme lui13, il s’en prend aux complaisants :
« Car comme enfin j’abhorre un Esprit Médisant,Aussi je n’aime point celuy d’un Complaisant. »(Vers 157-158)
Toutefois Alceste est un quasi marginal, un idéaliste, un absolutiste, ce qui n’est pas le cas de Geraste. Hauteroche s’inspire fortement de la pièce de Molière mais s’en éloigne aussi et ce à plusieurs titres. Geraste n’est pas un misanthrope, son point commun avec Alceste c’est le refus de la complaisance. Il n’exècre pas les hommes. On ne l’entend jamais dire comme Alceste :
"[…] je hais tous les hommes :Les uns, parce qu’ils sont méchants et malfaisantsEt les autres, pour être aux méchants complaisants."
Il n’a pas la même aversion pour le genre humain. Il ne supporte pas l’hypocrisie des hommes, ni les convenances qui sont à ses yeux vaines. La politesse, la bienséance encombrent les relations humaines pour lui. Mais, il n’ira pas comme Alceste se retirer du monde, loin s’en faut. Il retourne, à la fin, auprès d’Irénée dont il a déjà un enfant. De plus, sa misanthropie est pour ainsi dire uniquement verbale, elle ne se traduit pas par ses actions. Geraste vient à Paris pour épouser Lucrece, se conformer aux souhaits de son oncle Sbroct et ainsi pouvoir hériter de la fortune de celui-ci. A l’inverse d’Alceste qui vit en adéquation avec ses idéaux, Geraste est un menteur, un « franc suborneur »14 selon l’expression de Kerlonte. Son exigence de sincérité ne semble s’appliquer qu’aux autres.
Par ailleurs, Hauteroche innove véritablement avec le personnage de Geraste : son personnage prône la vérité et la sincérité car il espère qu’ainsi les hommes se corrigent et se perfectionnent. C’est-à-dire que l’origine de son excès de sincérité réside dans ce désir d’une entraide mutuelle des hommes :
« Voila comme chacun, à mon sens, devroit faire,Nous nous corrigerions comme de Freres à Frere ;Et possible, apres tout, qu’un pareil entretienPourroit contribuer à nous porter au bien »
On peut aussi voir une reprise d’un thème à la mode depuis l’unique représentation de L’Imposteur en aout 1667, et de l’Amphitryon en janvier 1668. La scène 5 de l’acte III dans laquelle « Geraste » est présenté à Geraste fait écho à ces pièces. En effet, comme dans la pièce de Molière, un personnage se joue de l’autre et se fait passer pour lui. Mais ici, la duperie n’entraine nul questionnement métaphysique chez le personnage dupé. Dans Amphitryon, Sosie se faisait la remarque suivante :
« Pourtant, quand je me tâte, et que je me rappelle,Il me semble que je suis moi »(I. 2, v.488-489)
La confrontation de Geraste avec « Geraste » ne donne lieu à aucune réflexion sur l’identité et le moi. Geraste se rebelle mais ne doute jamais de lui-même, voir les vers 833-843.
L’amant qui ne flate point est bien une pièce aux influences moliéresques, Hauteroche reconnait en Molière un maître de la comédie avec lequel il tente de rivaliser.
Le déguisement dans la pièce §
Dans L’Amant qui ne flate point, seul un déguisement est véritablement essentiel : celui d’Ariste en Geraste pour gagner du temps jusqu’au retour de son père victorieux de son procès. Selon la classification proposée par Georges Forestier dans Esthétique de l’identité dans le théâtre français (1550-1680) : Le déguisement et ses avatars, le déguisement d’Ariste a diverses caractéristiques :
Son déguisement en gentilhomme nantais lui permet de retarder l’union de Geraste et de Lucrece. Ce déguisement est fondamental car c’est sur lui que « repose toute action ». Celui de son serviteur Philipin est et un déguisement accessoire, ornemental. Il accompagne le déguisement d’Ariste.
Le but de ce travestissement est double : Il s’agit pour Ariste de jouer un tour à Anselme et à Geraste mais il lui permet aussi d’approcher Lucrece. Georges Forestier relève que le but le plus fréquent des déguisements dans le théâtre pour les rôles masculins (35%) est l’approche. Ici ce n’est pas l’objectif principal de notre personnage mais cela lui permet aussi d’être avec Lucrece. Ainsi dès qu’Anselme l’invite chez lui, on lit au vers 1034 :
Ariste prenant Lucrece« Je le veux ».
La didascalie n’est pas anodine, il se permet de toucher Lucrece, de la tenir ce que Geraste, tout grossier qu’il est, n’a pas fait. De plus, grâce à cette nouvelle identité, il renouvelle sa flamme auprès de Lucrece et lui baise la main à la scène VII de l’Acte IV.
Ces deux déguisements d’Ariste et de Philipin sont des déguisements conscients et ordinaires, où les personnages ne perdent pas leur identité, mais ils jouent d’autres rôles, imposés par les situations. Ces rôles sont rajoutés aux rôles initiaux des personnages :
« Quelle que soit la manière dont il est déguisé, le personnage concerné se voit pourvu d’un rôle qui se surajoute à son rôle de base. Tout personnage déguisé joue donc, volontairement ou non, consciemment ou non, un rôle devant un autre personnage, au moins, qui se trouve ainsi dans une position de spectateur, et qui est amené à réagir devant le jeu du comédien. Il peut être pris par le jeu et se trouver ainsi victime de l’illusion ; il peut être mis dans la confidence et devenir complice de l’illusion dont sont victimes les autres personnages »
« Une Dramaturgie de l’oxymore et de l’imposture » §
Dans les années 1640-1650, l’engouement pour la comédie à l’espagnole favorise une mode : celle des pièces à titres paradoxaux car, comme le remarque Georges Forestier, « même si les titres des pièces espagnoles de l’époque ne sont pas particulièrement paradoxaux, les paradoxes figurent au premier rang des jeux de " conceptisme " dont sont remplies les comedias »15. On retrouve ce phénomène dans notre pièce, Hauteroche privilégie une utilisation particulière du paradoxe : l’oxymore, c’est-à-dire une « contradiction dont les deux membres s’excluent l’un l’autre de manière absolue »16. On ne peut pas en effet être à la fois amant et non galant. L’amant qui ne flate point est une comédie de l’ambiguïté, de l’illusion. Pour cela, il est intéressant d’étudier de plus près le personnage de Geraste.
Un amant paradoxal §
L’amant qui ne flate point est pas une pièce galante inversée. Le titre est à cet égard assez évocateur. La périphrase oxymorique indique que le comportement du personnage principal est déroutant. Geraste n’a de cesse par son attitude ou par ses discours de discréditer la galanterie. Celle-ci serait un leurre, une façon de corrompre les jeunes filles, en d’autres termes elle mènerait tout droit au cocuage.
Hauteroche ménage l’entrée en scène de son amant singulier. Dès la première scène, à travers le discours de Florence, l’auteur prépare son lecteur à voir surgir un homme au caractère particulier, qui parle franchement quelles que soit les circonstances et qui ne s’embarrasse guère de la civilité. Lorsqu’il parait, à la scène II, Geraste se montre à la hauteur des attentes des spectateurs. Il s’agit de la première rencontre avec son futur beau-père en vue de son mariage. Or, il ne semble pas chercher à faire bonne impression. Loin s’en faut. Ses premiers mots se font sur le ton du reproche, de la désapprobation, voire de l’attaque.
Geraste ouvre la discussion par un constat réprobateur : « Vostre logis est loin »17. D’emblée, il se donne à voir comme un être brusque et inconvenant. Anselme marche vite, ce qui est pour lui insuportable18. Il le compare de manière peu flatteuse à un Diable, à un fou et à un cerf. Ainsi dès les premiers échanges, le ton est donné et Geraste fait rire le spectateur (vers 986-104)
Les termes dont il qualifie son futur beau-père vont dans le sens d’une dégradation, d’une animalisation. De plus, le polyptote courez/coureur introduit dans le discours un thème cher à Geraste, celui des galants. Ce jeu sur le double sens du terme coureur, annonce l’accusation19 de Geraste selon laquelle Anselme entretiendrait une relation avec Florence, la servante de sa fille. Par ailleurs, il ne cesse de rappeler à Anselme son âge, que cela soit en le qualifiant de vieillard ou en ayant recours à des images fortes telle que « quand on a plus de dents »20 ou des périphrases méprisantes comme « aux gens de vostre sorte »21. Son discours est saturé par des termes renvoyant à la vieillesse. Geraste ne montre aucun respect pour Anselme. Il l’interrompt à plusieurs reprises et sa logorrhée semble être sans fin. Le spectateur a en face de lui, un obsessionnel, un homme qui pense peu et qui plaque sur chaque situation un schéma de pensées Anselme incarne aux yeux de Geraste, la vieillesse, il lui reproche ainsi un comportement qu’il associe aux personnes d’un certain âge. Geraste surprend par son attitude qui va à l’encontre de celle traditionnellement attendue du jeune amant. Quand il voit Lucrece pour la première fois, il est surpris de sa beauté mais loin de lui en faire compliment, il dénonce les femmes qui se fardent pour plaire. D’emblée, il lui pose des questions inconvenantes auxquelles elle ne peut pas répondre (voir vers 290 : « Aurez-vous des Enfans en grande quantité ? »), et s’adresse à elle avec un ton autoritaire et brusque qui ne convient pas à celui d’un futur époux. Il lui intime ainsi l’ordre de parler au vers 286 « Dites » et 291 « Parlez ». De plus, il se montre irrespectueux en parlant d’elle à la troisième personne (« La fille ») et en laissant entendre qu’elle n’est plus toute jeune (voir vers 288). Il ne correspond donc pas au type du futur marié flatteur, poli, charmeur. C’est un personnage entêté, ridicule, en inadéquation avec la vie sociale parisienne.
Si les discours galants sont bannis, la jalousie est, elle, bien présente dans les discours de Geraste. Elle nourrit sa peur et ainsi sa haine du cocuage. L’amant qui ne flatte point met en jeu les rapports entre l’amour et le mariage, question qui, avec son corollaire obligé, la jalousie, faisait l’objet de conversations et de questions galantes dans les salons comme dans les grands romans contemporains tels que Artamène ou le Grand Cyrus (1649-1653) et Clélie, histoire romaine (1654-1660) des Scudéry. On remarque que Geraste nomme les galants, les blondins. Le terme fait son apparition dans le théâtre de Molière, et avait déjà été utilisé auparavant en 1661 dans La Femme industrieuse 22de Dorimond. A l’acte III, scène 1 de L’Ecole des femmes, on lit :
"Confondu de tout point le [blondin] séducteur" (v. 645)
Geraste tient un discours similaire sur les dangers de la séduction diabolique exercée par ces "blondins". Mais il n’est pas le seul à rejeter la galanterie. Celle-ci est mise à mal par de nombreux personnages dans la pièce. Ainsi, à la scène VII de l’acte IV, Lucrece interrompt brusquement Ariste qui lui déclare sa flamme :
Ariste.Ah ! quel bonheur pour moy !Souffrez* que de nouveau je vous donne ma foy,Que je vous jure encor que mon ardeur extréme…1375Lucrece.Laissons tous ces discours, vous m’aimez, je vous aime :Il suffit, mais songeons…
Lucrece aussi rejette les ornements du discours galant, le temps n’est plus à ce genre de propos. Il leur faut agir vite et avec stratégie pour garder secrète leur supercherie.
A la scène I de l’Acte I, Philipin est si préoccupé par l’attitude de son maître Ariste, qu’il en oublie de badiner. Il n’est pas d’humeur galante ce qui lui vaut les reproches de Florence. Mais cela ne dure pas. Hauteroche insère ainsi, dans la pièce, une scène de séduction entre valets, dans laquelle le "lutinage" joue un rôle important :
La galanterie a une place particulière dans L’Amant qui ne flatte point : elle est soit jugée superflu par certains, soit tournée en dérision par le personnage principal qui l’associe au cocuage. Si la galanterie est présente sur scène, c’est en partie, à travers les discours haineux de Geraste. Le discours galant n’est véritablement porté que par les domestiques. Ce qui n’exclut pas une pointe de raillerie de leur part, comme en témoigne la dernière réplique de la pièce. Philipin a obtenu d’Anselme et de Lisidan leur accord pour épouser Florence, ce dernier dans sa bonté leur offre cinq cent ecus. Philipin déclare alors : « C’est bien peu, pour me mettre au nombre des Cocus ». Cette pique finale clôt la pièce et adresse aux spectateurs un dernier clin d’œil.
Si la plupart des personnages passent maître dans l’art de l’illusion, Geraste est bien celui qui est le plus paradoxal de tous. Il ne supporte pas les galants qui corrompent la vertu des jeunes filles, mais n’est-il pas lui-même une émanation de ce qu’il déteste le plus au monde ? En effet, d’après Kerlonte23, Geraste est déjà engagé auprès d’une femme, Irénée :
Précédemment dans la pièce24, il dénonce ceux qui :
« … causent du desordre dans toutes les familles,Et font tort à l’honneur des plus honnetes Filles »
Or, il s’est lui-même comporté avec Irénée comme un vulgaire amant. Certes, Geraste n’est pas un séducteur, il ne l’a pas quittée pour une autre, mais pour pouvoir hériter de la fortune de son oncle Sbroct qui s’opposait à cette union. Cependant, c’est bien lui qui déclare aux vers 270-272 :
« Je ne sçay point flater, et suis Homme sincere,Trahir ses sentimens, est une lâcheté,Je ne puis rien souffrir contre la vérité »
Geraste, l’homme sincère, qui ne supporte pas les mensonges des galants n’est finalement pas si différent d’eux. Lui aussi ment, mais son inconstance est à imputer à sa cupidité.
Une pièce à type ? §
L’Amant qui ne flate point met en scène des personnages types, que cela soit les domestiques, le père aveuglé par son amour pour sa fille et pour l’argent, le jeune amant contrarié ou l’amant obsédé par le cocuage.
En plus de cela, Hauteroche reprend le système traditionnel des couples de personnages, dont l’un est le négatif de l’autre. Cette façon de procéder accuse l’aspect typique des personnages, en même temps qu’il donne un échantillon des différents moyens dont le genre comique dispose.
La fragmentation des traits conventionnels du valet entre trois personnages (Philipin, Licaste, Florence) permet de multiplier les scènes avec domestiques tout en évitant la répétition de mêmes traits de caractère. Les domestiques, servantes et valets, sont présentés selon un principe de contraste. Florence représente le pendant féminin du valet d’intrigue, comme Dorine dans Le Tartuffe de Molière, et c’est à elle que reviennent la plupart des initiatives de la pièce : elle est avec Lucrece à l’origine de la supercherie. C’est elle qui remet à Ariste la lettre de sa maitresse et veille à ce qu’il la copie, c’est aussi elle qui approuve son idée de se déguiser en gentilhomme de province. Elle aide Philipin à endosser le rôle de Licaste, le valet de Geraste. C’est elle qui le sauve d’une dangereuse conversation avec Anselme, en prétendant que son maître le cherche. Elle organise aussi la rencontre entre Ariste et Lucrece. Par ailleurs, pour endormir toute méfiance, elle ment effrontément à Anselme en vantant les mérites de Geraste. Enfin, outres ses actes, elle soutient sa maitresse par ses encouragements et sa bienveillance. Florence a donc un rôle d’instigatrice, ce qui la distingue des deux autres valets, et en particulier de Philipin qui participe lui aussi à la supercherie.
On retrouve le même principe d’opposition du côté des valets masculins : si Philipin est un rusé, rappelant à cet égard les valets des intrigues à l’italienne, il n’en reste pas moins que sa couardise le rapproche du type du gracioso. Quant à Licaste, par son ivrognerie il emprunte aussi au type bouffon du gracioso, mais à la différence de Philipin c’est un simple d’esprit.
Le couple de personnage Philipin/Ariste est aussi marqué par le contraste. Outre le fait qu’il s’agisse d’un valet et de son maître, ils s’opposent par leur caractère. Ariste est courageux et brave. A l’inverse de son valet, il n’écoute pas sa peur.
Hauteroche fait évidemment s’opposer les deux prétendants de Lucrece : tandis que l’un discrédite tout discours amoureux, l’autre se comporte en véritable galant et lui déclare sa flamme.
Enfin, un dernier couple de personnage s’oppose : Anselme et Florame. Les deux beaux-frères se distinguent par leur opinion sur l’éducation, ce qui accentue le potentiel comique d’Anselme. Leur conversation sur l’éducation à donner aux jeunes filles fait écho au début de L’Ecole des Maris de Molière (1661).
Anselme partage le trait répandu parmi les vieillards de comédie d’être un personnage aveuglé. Son amour pour sa fille est tel qu’il en devient naïf : il ne parvient pas à imaginer que sa propre fille pourrait le trahir en participant à la supercherie, et encore moins à concevoir le fait qu’elle en est à l’origine. Il a entièrement confiance en elle, elle est son unique descendante. En effet, des vingt-deux enfants qu’il a eu avec sa défunte femme, il ne lui reste que Lucrece. Il s’agit là aussi d’un trait comique, sa fille porte un nom significatif qui évoque Lucrece la femme de Tarquin. Lucrece est devenue le symbole de la femme chaste et vertueuse, or ici la conduite de la fille d’Anselme est loin d’être en adéquation avec son prénom. Il pense à tort la connaitre. Ainsi, il est persuadé qu’elle n’aima jamais comme il le dit à Geraste au vers 318. Son aveuglement est à la mesure de l’amour qu’il a pour sa fille, c’est-à-dire infini. Nombreux sont ceux qui le mettent en garde contre sa crédulité, mais en vain. Geraste, le premier semble percevoir que quelque chose ne va pas avec Lucrece, qu’un je ne sçay-quoy luy broüille la cervelle25. Il dit aux vers 314-315 :
Je voy qu’elle est chagrine, et resve incessamment :J’ay lieu de présumer que c’est pour quelque Amant
Cependant Anselme n’entrevoit nullement la vérité, et fidèle à lui-même, il ne peut que répondre je connois ma Fille, et sa sincerité, au vers 1477. Son beau-frère également met en avant le caractère rusé de Lucrece et tente de le convaincre qu’il est possible qu’elle joue un rôle dans cette supercherie mais là encore c’est un échec. Il y a donc chez Anselme une attitude singulière vis-à-vis de sa fille. Il a pour elle un amour véritable et une bienveillance émouvante. Cependant, s’il tombe aussi facilement dans le piège tendu par sa fille, c’est également en raison de sa cupidité. Il pense avant tout, à la rente promise par Sbroct. L’argent contribue à son aveuglement, selon lui Lucrece à tout intérêt à se marier avec Geraste. Si Anselme excuse l’attitude peu galante de Geraste c’est parce qu’il voit en lui l’héritier de la fortune de Sbroct.
Avec Geraste, Hauteroche joue sur le caractère comique du bourgeois de province rustre et simple. Il n’est pas adapté à la vie parisienne. Anselme ou Florence qui n’ont cependant pas la même sympathie pour Geraste soulignent ce décalage :
Anselme dit aux vers 683-684 à propos de l’attitude peu civilisée de Geraste :
En province ils ont tous cette maudite mode,Mais chacun à Paris veut suivre sa methode
Quant à Florence aux vers 743-748, elle dit franchement sa pensée :
Car épouser Geraste est, puis qu’il faut tout dire,Epouser un fantasque, un jaloux, un Satyre,Un Critique, un Fâcheux, enfin un Campagnard, 745Pres de qui vos beaux jours courent bien du hazard.Il vous enfermera dedans quelque Chaumiere,Car de ces Campagnards c’est assez la manière.
Geraste, comme Anselem, est un personnage aveuglé. En effet, il est obnubilé par son avarice et sa peur du cocuage. Il revient sans cesse sur ce sujet ce qui le rend extrêmement comique. Sa première rencontre avec Lucrece tourne presque entièrement autour de ce sujet et c’est d’ailleurs la seule chose qui lui vient à l’esprit quand Anselme le questionne sur sa fille au vers 312 :
Anselme.Mais, Monsieur, dites-moy, ma Fille vous plaist-elle ?Geraste.Oüy, mais je ne sçay-quoy luy broüille la cervelle,Je voy qu’elle est chagrine, et resve incessamment :J’ay lieu de présumer que c’est pour quelque Amant.
Son avarice est telle qu’il presse son mariage avec Lucrece alors qu’il aime Irénée et qu’il sent qu’il a de fortes chances d’être cocu.
La Lettre §
Dans la pièce, le courrier tient une place importante puisque c’est le seul moyen de communication de l’époque. En examinant les différentes lettres dont il est question au cours du texte, on remarque qu’elles transmettent des messages essentiels pour l’intrigue.
Tout d’abord, Lucrece utilise une lettre pour communiquer avec son amant Ariste et lui proposer un stratagème pour tromper son père. Elle l’incite à se faire passer pour son futur époux Geraste, ce qui sèmerait le trouble dans l’esprit de son père qui serait alors contraint de différer l’hymen. Par ailleurs, Ariste utilise principalement la lettre, outre son déguisement de gentilhomme de province, pour tromper Anselme. En effet, Ariste copie la lettre que Geraste a remis à Anselme de la part de Sbroct. Cette fausse lettre qui est en tout point identique à l’originale, est un élément clé du déguisement d’identité : c’est elle qui achève de désorienter Anselme. Ainsi au vers 820, il s’exclame « Rien n’y manque, et j’y voy jusques à l’apostille ». De plus, les informations personnelles sur Geraste contenues dans les lettres que lui remet Florence, permettent à Ariste de répondre à l’interrogatoire auquel Anselme et Geraste le soumettent. Anselme se trouve dans l’impossibilité de reconnaitre le véritable Geraste :
« Vous dites justement tous deux la mesme chose.Les Lettres, et le lieu, les noms, et les Parens,Causent mon embaras, et sont vos diferens. »26
Les lettres jouent donc ici un rôle déterminant puisque c’est sur elles que se fondent principalement l’usurpation d’identité. Elles permettent de créer sur scène un monde parallèle dans lequel les personnages peuvent communiquer entre eux par d’autres moyens que la voix. Cela offre une autre dimension à la pièce, et ajoute des éléments pour le jeu théâtral des acteurs. Dans l’Amant qui ne flatte point, les lettres participent à l’effet comique, et offrent aux acteurs l’occasion de jouer de leurs mimiques, de leurs gestes pour faire rire le spectateur. C’est ainsi le cas, lorsqu’au vers 871 Geraste découvre que « Geraste » a également remis une lettre à Anselme et que celle-ci se trouve être identique à la sienne.
Les lettres participent donc au comique de la pièce et ce à plusieurs titres : elles permettent en effet, de développer des jeux de scène particuliers et relèvent ainsi du comique de geste. Mais avant tout, elles sont à l’origine du piège tendu à Anselme par sa fille et sa servante Florence.
Etude du Comique §
C’est pour ses aptitudes à l’écriture comique que Hauteroche a été loué, tant par Robinet au XVIIe siècle qu’au XVIIIe siècle par les frères Parfaict, et plus récemment, par Gustave Attinger dans son étude sur la commedia dell’arte. Hauteroche fait souvent l’objet de critiques pour la construction de ses pièces. Mais celles-ci se voient en quelque sorte rattrapées, bonifiées par l’insertion de scènes à effet. Attinger y trouve la véritable unité de l’œuvre de Hauteroche : « son œuvre retrouve une certaine unité que n’ont pas fait ressortir ses biographes : c’est l’unité du comique. À défaut de génie, il est comédien, il sent en comédien et n’oublie pas de faire rire27. » Il voit en notre auteur « un imitateur de Molière (le meilleur avant Regnard), mais du Molière farceur, du Molière italien ».
Le comique de Hauteroche frôle voire parfois tombe dans la pure farce. C’est le cas pour de nombreuses scènes de notre pièce. On pense d’emblée à la scène IX de l’Acte IV entre Licaste et Philipin où les menaces et les injures fusent. Les deux valets sont sur le point d’en venir aux mains, on échappe de peu à une bagarre :
Le premier acte, à travers le récit et les plaintes28 de Philipin, puis le dialogue entre ce dernier et son maître29, fait référence à la traditionnelle bastonnade. Le troisième acte s’achève sur une bagarre à moitié évitée qui n’est pas sans rappeler la fin conventionnelle des farces, qui s’achèvent sur une indication du type « et tous se battent ». Il ne s’agit là que d’une menace, la véritable bagarre ne peut pas avoir lieu en raison des règles de bienséance. Philipin déclare ainsi au vers 1076 : « Tout va bien pour nous, ne troublons point la Feste. »
De même la scène III de l’acte IV, relève du comique farcesque : Licaste qui vient de partir pour chercher Kerlonte revient voir son maître et ne cesse de trouver une objection ou une difficulté pour le faire venir chez Anselme.
Licaste.Si ce Monsieur ne me vouloit rien dire,Ny venir en ce lieu ?Geraste.Dy luy qu’il peut m’écrire.Licaste.Mais s’il n’écrivoit point ? Cela peut arriver.Geraste.Tu diras qu’il m’attende, et je l’iray trouver790Licaste.S’il ne veut point attendre ?Geraste.Et bien, qu’il aille au Diable.
Le déguisement, un effet comique.
Le déguisement est un procédé comique. Ainsi, le travestissement d’Ariste crée des situations tels que des quiproquos qui engendrent de l’ironie et du comique.
Selon Georges Forestier, il y a ironie lorsque le spectateur est mis dans la confidence du déguisement, et qu’il peut suivre en pleine connaissance de cause l’évolution du jeu du personnage déguisé. Il est ainsi complice des supercheries, complications, et autres situations particulières permises par le déguisement.
Dans notre pièce, il y a bien de l’ironie puisque le public est au courant du déguisement d’Ariste. Il attend même avec impatience l’entrée en scène de « Geraste », et peut jouir des divers effets provoqués par le déguisement. Seuls les personnages qui n’ont pas part à la supercherie sont surpris du déguisement. Il s’agit en premier lieu d’Anselme et de Geraste, puis du valet de celui- ci, de Kerlonte le frère d’Irénee et enfin de Lisidan, le père d’Ariste, qui est celui qui met un terme à la mascarade en reconnaissant Geraste et son fils.
Le déguisement produit avant tout un effet ironique qui contribue ensuite à l’effet comique. Il existe divers effets comiques et nous retrouvons ici ce que Georges Forestier nomme le comique de la victime. Le spectateur rit du tour joué au personnage piégé. La victime ne reconnaît pas le personnage qui est déguisé. En effet, quand Anselme voit Ariste déguisé en Geraste, il est désorienté et se voit obligé de l’accueillir et de le considérer comme Geraste, son futur gendre :
Messieurs, en attendant que le tout s’éclaircisse,Et que nous connoissions d’où provient l’artifice,Vous pouvez au Logis venir avec douceur, 1005C’est au Neveu de Sbroct que je fais cet honneur ;C’est à Geraste enfin ; mais ne pouvant comprendreQui de vous est le fourbe, et vient pour me surprendre,Je vous donne à tous deux la mesme liberté,Pourveu qu’on ne s’emporte à nulle extremité. 1010
Anselme ne sait pas lequel des deux Geraste est son gendre et ne parvient pas à distinguer le fourbe du futur époux de sa fille. Ce qui est comique pour le public c’est que ce dernier sait qu’Anselme est victime d’un déguisement et, qui plus est, imaginé par sa propre fille. La méprise est rendue possible du fait qu’Anselme n’a jamais vu Geraste, il ne sait de lui que ce que Sbroct en dit dans sa lettre. Cette ruse s’avère payante car elle oblige effectivement Anselme à retarder le mariage de Lucrece et de Geraste. Autre victime du déguisement d’Ariste, le véritable Geraste dont l’identité est mise en doute. Comme le dit Ariste à Philipin et à Florence aux vers 470-472 :
« Par ce moyen Geraste est pris comme un Oyson :Car Sbroct n’écrivant point, ainsi son caractereN’aidera pas Anselme à percer le mystere. »
Tous ces effets comiques destinés au plaisir du spectateur sont accompagnés d’une écriture du second degré et de la parodie :
Selon Guichemerre30, « le style comique »31 réunit les divers procédés qu’utilisent les dramaturges pour engendrer un effet comique. Ainsi, pour sa comédie Hauteroche fait appel à certains de ces procédés.
Le comique de la stichomythie §
La stichomythie est un échange de courtes répliques entre deux personnes et permet de rendre le dialogue plus animé et plus vif. Ce procédé est utilisé par Hauteroche dans notre pièce pour engendrer des effets comiques. C’est ainsi le cas dans la scène entre Licaste et Philipin à l’Acte III, ou encore lors de la scène de rencontre entre Geraste et « Geraste ». Geraste se rend compte qu’il n’a pas seulement affaire à un homme qui se nomme comme lui mais qui se fait aussi passer pour lui. Il le soumet alors à un vif interrogatoire. Anselme aussi prend part à cet enchaînement de répliques courtes où s’entremêle questions et réponses :
Geraste.Mais encor, comme quoy cela se peut-il faire ?Vostre Pere vit-il ?Ariste.Pourquoy ? Non, il est mort.Philipin bas à Ariste.Que diable sçavez-vous ? Vous vous hazardez fort.Ariste.Oüy, mais il faut répondre.855Anselme.Hé, pour nous satisfaire,Apprenez-nous encor le nom de vostre Mere.Ariste.Et croyez-vous par là me des-orienter ?Anselme.Ho, non.Philipin à part.Non.Ariste.Sur ce poinct, je veux vous contenter.Son surnom est la Roche, et son nom propre, Hortense.Philipin bas à Ariste.De qui le tenez-vous ?860Ariste bas.Des Lettres de Florence…Philipin bas.J’entens, suffit.[55]Anselme à Geraste.Hé bien ?Geraste à Ariste, apres avoir un peu resvé.Quel est vostre Parrain ?Ariste.Il en faudroit ainsi nommer jusqu’à demain.Anselme.Il a raison.Philipin bas.Bon, bonGeraste.Vous arrivez de Nantes32 ?Ariste.Oüy.
L’usage de la stichomythie donne à voir l’énervement réel de Geraste et la colère feinte d’Ariste. Le rôle d’arbitre qu’endosse alors Anselme ne fait que surligner le comique de la scène. Le public se moque des personnages de Geraste et d’Anselme car ces derniers ne comprennent plus rien.
Une pièce expérimentale §
Insertion de sujets sérieux : clin d’œil à l’auditoire. §
Hauteroche aborde de façon secondaire certains sujets d’actualité, comme celui de la réforme du système judiciaire ou celui de l’éducation des jeunes gens.
C’est à travers le personnage de Lisidan que Hauteroche traite de la question de la justice. Il fait ainsi référence au Code Louis, appelé ainsi en l’honneur de Louis XIV, qui est le nom donné aux « ordonnances sur la réformation de la justice civile et criminelle » de 1667 et 1670.Il s’agit d’harmoniser et de mettre en ordre les lois et les juridictions du royaume puisque le Sud relevait du droit romano-canonique, dit « droit écrit », et le nord du droit coutumier. C’est Colbert qui à partir de 1661, est chargé de réformer le système judiciaire. En 1667, l’ordonnance de Saint-Germain-en-Laye codifie la justice civile. Elle est promulguée un an avant la représentation de la pièce, ce qui explique l’exclamation de Florame au vers 1532 : « Qu’on a bien eu raison de faire un nouveau Code. » Hauteroche fait ainsi allusion à ces trente-cinq articles qui traitent des procédures, du travail des magistrats, et de la hiérarchisation des différents tribunaux.
Par ailleurs, il dénonce un système corrompu où pour gagner un procès la maitrise du droit ne suffit plus. L’argent, les relations et les présents semblent plus utiles. Il fait ainsi dire à Lisidan aux vers 1553-1556 :
« Si vous voulez d’un Juge obtenir la faveur,Gaignez celle sur tout qui regne dans son cœurA nous favoriser, c’est par là qu’on l’engage,Et c’est un seur moyen de gaigner son suffrage »
Les juges sont ainsi décrits comme des personnes sensibles à la flatterie, influencés par leur maitresse. Peu importe la justice, les femmes font le destin des affaires (v.1551).
La question de l’éducation, et en particulier celle de la réclusion des jeunes filles va devenir un leitmotiv chez Hauteroche. Ainsi dans Les Apparences Trompeuses il fait la critique des couvents, qu’il reprend dans Crispin Musicien avec le personnage du vieillard Dorame. Dans l’Amant qui ne flatte point, la scène entre les deux beaux-frères confronte deux visions antagonistes de l’éducation qu’il faut donner aux enfants. Le premier point d’accroche réside dans la façon dont Anselme éduque sa fille. Florame critique la libéralité d’Anselme, il lui reproche de laisser sa fille fréquenter les jeunes gens de la cour « Qui pour corrompre un cœur ont les plus beaux talens » (vers 1182), de ne manquer aucun événement mondain ce qui selon lui ne sied pas à une jeune fille vertueuse car c’est au contact des galants :
[…] que l’on apprend le tour et le détourQue l’on sçait employer les fourbes et les ruses(Vers 1158-1159)
En réponse à ses accusations, Anselme raille l’attitude de son beau-frère qui pense que les devoirs paternels se résument à donner la vie à un enfant :
Qu’est-ce pour les Enfans, de les avoir fait naistre,Sans l’éducation qu’on ajoûte à leur estre ?C’est par là qu’un vray Pere exprime au naturelLes tendres sentimens de l’amour paternel.
Anselme défend l’idée qu’éduquer son enfant, c’est le chérir, veiller à son bien-être, à sa prospérité. Il provoque ainsi son beau-frère en avançant qu’il est fort probable que son fils souhaite sa mort pour se voir en libre possession de sa fortune. Le souhait de la mort des pères est un lieu commun de la comédie des années 1660, elle met en question les devoirs de parenté.
L’idée selon laquelle les enfants comptent les jours des pères et déplorent leur longévité est exprimée dans plusieurs textes au XVIIe siècle33.
•dans le discours "Des pères et des enfants" du philosophe La Mothe le Vayer
•dans une épigramme de Gombauld
•chez Charles Sorel34, dans la "Loterie nouvelle", contenue dans le recueil Sercy de 1658
•dans le "Ballet de l’Impatience" de Isaac de Benserade, (1613-1691) en 1661
•dans la quatrième partie (1658) de la Clélie, p. 92-93.
On retrouve également ces thèmes chez Molière dans le Festin de Pierre et dans la pièce de Quinault La Mère coquette (1665) :
« Nous savons ce que c’est que la perte d’un père,Jamais de ce malheur fils ne se désespère ;Et l’on trouve toujours aux douceurs d’héritierDes consolations qu’on ne peut rejeter.Quelque honnête grimace enfin qu’on puisse faire,Tout père qui vit trop court danger de déplaire. »(éd des Oeuvres de 1715, t. III, p. 158-159)
Hauteroche transmet là un message ambigu, le public ne peut s’empêcher de blâmer l’attitude de Florame vis-à-vis de son fils mais d’autre part l’éducation libérale d’Anselme a bien eu les effets dénoncés par Florame. Lucrece a mis en place une supercherie pour tromper son père : elle lui ment, feint la naïveté et la colère et s’il lui arrive d’avoir mauvaise conscience, elle ne met pas, pour autant, fin à cette duperie.
La pièce compte peu de réelle satire : là n’est pas le propos de Hauteroche, qui considère ce registre comme un « hors-d’œuvre », allant à l’encontre de son projet dramaturgique comme il le laisse entendre dans ses préfaces35. La question de la morale laisse place à l’exigence du genre comique : les questions d’actualités sont abordées pour faire rire, indépendamment d’une quelconque censure. Hauteroche met en place une esthétique de l’agrément où le spectacle comique prime sur toutes autres considérations. Il cherche à plaire et à divertir, on lit ainsi dans l’Avis au Lecteur : « On trouvera icy plus de cent Vers de Satyre et de Morale, qui n’ont point esté recitez, à cause qu’ils y sont un peu hors d’œuvre ; mais que j’ay jugez assez beaux, pour ne pas déplaire à la lecture. »
Ces vers de morale sont nombreux dans la pièce « Il y en a pour le moins soixante dans la Scene des deux Beaux-Freres au quatriéme Acte, et les autres sont dispersez en divers endroits. » Ces passages n’ont été supprimés que pour les représentations et Hauteroche semble espérer que leur beauté rattrape ce qu’ils pourraient avoir de décalé par rapport au propos de la pièce. Cependant même à la lecture, il se dégage de ces vers une certaine lourdeur : si le développement sur la justice est intéressant parce qu’il nous éclaire sur le fonctionnement de cette institution, la satire est traitée de façon secondaire. Cela donne l’impression qu’elle n’a été ajoutée qu’à la seule fin d’aborder un sujet sérieux. Hauteroche est un acteur reconnu de tragédie, il n’a pas l’expérience de l’écriture comique quand il compose l’Amant qui ne flatte point. Il le dit lui-même, il a écrit la pièce pour s’essayer à ce genre de poésie. Ces passages qui troublent la cohérence de la pièce peuvent donc être imputés au fait qu’il s’agit d’une première
Une première pièce §
Dans son Avis au Lecteur, Hauteroche dénonce les critiques qui ont pu être faites sur Geraste : Quelques-uns ont voulu dire que le principal Personnage ne soustient point son Caractere dans toute la Piece, comme il fait au premier et second Acte : A cela je répons seulement, qu’ils ne l’ont pas bien examiné, et que par tout il a le mesme genie. Il est vray que les affaires de la Scene s’y trouvant differentes, et que les occurrences n’y estant pas si favorables, cette maniere de ne point flatter n’y regne pas si puissamment que dans les deux premiers ; mais il ne se dément point pour cela, au contraire on y voit toûjours paroistre son humeur brusque et franche ; et quoy qu’il agisse suivant les occasions qui se presentent, c’est toûjours dans le mesme esprit, c’est à dire en Amant libre, et qui ne flatte point. On peut effectivement, à la lecture de la pièce, avoir l’impression que l’auteur a progressivement dévié de sujet, qu’il a abandonné le personnage de Geraste. Le titre resonnait aux oreilles du lecteur comme la promesse d’une comédie centrée sur le caractère singulier et paradoxal du personnage principal. Or passés les deux premiers actes, le personnage de Geraste est en retrait et s’il apparait, c’est avec moins d’éclat. En effet, Geraste semble s’être assagi, il ne s’exprime plus avec la même irrévérence, ne fait plus de longs discours passionnés. On peine à croire qu’un personnage aussi brusque qui prône la sincérité accepte aussi facilement qu’on usurpe son identité. Il est certes désorienté quand Anselme lui présente « Geraste », se rebelle même quand il lui demande de décliner son identité mais ne s’offusque pas outre mesure. D’ailleurs, ses échanges avec Ariste sont cordiaux. Geraste perd ce qui faisait sa singularité, à savoir son caractère impulsif et misanthrope. Ainsi, quand il avoue qu’il est bien coupable de ce dont l’accuse Kerlonte, il ne réagit presque pas aux piques d’Anselme, ce qui s’avère encore une fois étonnant pour un personnage de son tempérament :
Hauteroche semble délaisser Geraste au profit de l’intrigue amoureuse. Geraste n’est alors plus l’amant qui ne flatte point mais le rival d’Ariste. A la scène X de l’Acte IV quand il rapporte le baiser dont il a été témoin, c’est un jaloux qui parle.
Le personnage de Geraste est dans les premiers actes l’élément clé du comique. Le titre de la pièce et son caractère le consacraient comme le personnage central or progressivement ce qui faisait sa particularité et son succès s’efface. Le spectateur est dérouté car Geraste n’est plus tout à fait Geraste. S’il ne maintient pas son caractère tout au long de la pièce, c’est aussi parce que des éléments nouveaux surgissent et impactent l’éthos du personnage. Ses grands discours sur la sincérité, sur la haine des mensonges se trouvent mis à mal par les accusations de Kerlonte. Ce coup de théâtre révèle une autre facette du personnage.
Par ailleurs, on peut avoir l’impression que Hauteroche réécrit le Misanthrope de Molière dans les premiers actes puis qu’ayant fait le tour de ce personnage, il altère son caractère. Il lui crée un passé avec une femme et un enfant. Il en fait un homme dont l’obsession n’est plus la sincérité mais l’argent. Soumis à un oncle intraitable, Geraste ne peut toucher son héritage qu’en se conformant aux choix matrimoniaux de celui-ci.
Son attitude est donc étonnante. Progressivement Geraste apparait comme un bourgeois de province qui ne cherche qu’à percevoir son héritage. La scène IX de l’Acte IV montre bien cette mutation : Geraste adoucit son discours sur le cocuage et se montre moins intransigeant. Ce mariage n’est qu’une transaction.
On peut peut-être expliquer la sévérité des critiques par la déception de certains spectateurs qui attendaient sûrement plus de ce personnage au fort potentiel comique. Geraste n’est finalement pas si marginal que cela, sa misanthropie d’un genre nouveau lui conférait une certaine aura qu’il perd petit à petit. Hauteroche police sa pièce, et fait de l’irrévérencieux un bourgeois prêt à faire des compromis avec ses idéaux pour de l’argent.
Liste des pièces de Hauteroche : §
1668 — L’Amant qui ne flatte point (5 actes, vers).
1669 — Le Souper mal appresté (1 acte, vers).
1670 — Crispin médecin (3 actes, prose).
1672 — Le Deuil (1 acte, prose).
1672 — Les Apparences trompeuses (3 actes, vers).
1674 — Crispin musicien (5 actes, vers).
1675 — Les Nobles de province (5 actes, vers).
1678 — Les Nouvellistes (non publiée).
1680 — La Bassette (non publiée).
1684 — L’Esprit follet, ou la dame invisible (5 actes, vers).
1684 — Le Cocher supposé (1 acte, prose).
1686 — Le Feint Polonois, ou la veuve impertinente (3 actes, prose).
1690 — Les Bourgeoises de qualité (5 actes, vers).
Note sur la présente édition §
L’édition originale de L’Amant qui ne flate point fut exécutée en Février 1669 par le Marchand Libraire Charles de Sercy à Paris. Il s’agit d’un format in 12°. En voici la description :
[I] : L’AMANT/ QUI/ NE FLATE POINT / COMEDIE / Du Sieur de HAUTEROCHE, / Representée sur le Theatre Royal/ de l’Hostel de Bourgogne. / [fleuron du libraire : couronne de fleurs] / A PARIS, / Chez CHARLES DE SERCY, au Sixième Pilier / de la grand’Salle du Palais, vis-à-vis la Montée de/ la Cour des Aydes, à la Bonne-Foy couronnée. / [filet] / M. DC. LXIX. / AVEC PRIVILEGE DU ROY.
[II] : verso blanc.
[III-VIII] : AU LECTEUR.
[IX] : Extrait du Privilege du Roy.
[X] : Acteurs.
[1-120] : Texte de la pièce précédé d’un rappel du titre en haut de la première page, en dessous d’un bandeau.
Nous avons consulté les quatre exemplaires parisiens de l’édition de 1668. Deux d’entre eux sont conservés à la Bibliothèque nationale de France, site Tolbiac, l’un en Haut de jardin-communication de banque de salle sous la cote P88/481, un autre en Rez-de-jardin sous la cote YF-6958. Un troisième exemplaire se trouve au Département des Arts du Spectacle (BnF, site Richelieu, catalogue Rondel, 8-RF-6240), et le dernier à la Bibliothèque de l’Arsenal (dans un recueil comportant cinq autres pièces de Hauteroche sous la cote 8-BL-12941).
La pièce a fait l’objet d’une autre édition du vivant de l’auteur, en 1682, à La Haye, chez Adrian Moetjens. Elle apparaît également dans deux recueils factices chez la Veuve Gontier en 1691 et chez Thomas Gillain en 1696.
La première édition des œuvres « complètes » de Hauteroche a eu lieu de son vivant en 1683, à La Haye, chez Adrian Moetjens, et contient toutes les pièces écrites jusque-là par l’auteur. Il s’agit d’un recueil factice qui sous un titre général rassemble les pièces publiées isolément chez le même éditeur en 1682 : L’Amant qui ne flate point ; Le soupé mal apresté ; Crispin medecin ; Le Deuil, Les Apparences trompeuses ; Crispin musicien ; Les nobles de province. Il semble que cette édition ait été établie sans l’aval de Hauteroche. Elle est précédée d’une épître à Messire Philipe Doublet, par laquelle le libraire tente de se mettre sous la protection du dédicataire. L’édition française des Œuvres de M. Hauteroche est, quant à elle, posthume, elle est publiée par Pierre Jean Ribou en 1736. Les Œuvres de Hauteroche sont ensuite rééditées en 1742 puis en 1772, aux dépens de la Compagnie des libraires associés. C’est dans l’Avis des libraires de cette dernière édition que la première version de la légende concernant notre comédien-poète apparaît.
Établissement du texte. §
Lors de l’établissement de la présente édition, nous avons procédé aux corrections d’usage. Nous avons supprimé le tilde employé tout au long du texte pour indiquer la nasalisation des voyelles e, o ou a, et avons harmonisé les points de suspension, il n’y avait pas de règle, il pouvait en avoir 3, 4, 5 ou même 6. En ce qui concerne les accents, la pièce ne respecte pas toujours l’usage des accents diacritiques permettant de distinguer entre ou conjonction et où relatif, et entre à préposition et a auxiliaire. Nous avons donc effectué des corrections lorsque cela était nécessaire. Par ailleurs, nous avons délié les esperluettes et nous avons changé les « β » en « ss », les « S » en « s » de façon systématique Nous avons également fait la distinction entre « v » et « u » et entre « i » et « j ». Par ailleurs, au XVIIe siècle, la graphie des mots n’étant pas encore fixée, certains mots sont ainsi présents sous deux ou plusieurs orthographes différentes, ce que nous avons décidé de conserver. L’édition originale comportait une lettrine au début de chaque acte, que nous n’avons pas retranscrite dans notre édition.
Liste des erreurs corrigées : coquilles §
Vers 73 : A-t il au lieu de A-t’il
Vers 79 ; 272 ;1268 : a au lieu de à
Vers 195 ; 1038 : la au lieu de là
Vers 254 : Aimez vous au lieu de Aimez-vous
Vers 533 ; lettre de Sbroct : deja au lieu de déjà
Vers 579 : déja au lieu de déjà
Vers 823 ;1369 ;1371 ; 1493 : voila au lieu de voilà
Vers 1217 : il au lieu de ils
Vers 1236 : « N’econter » au lieu de « N’ecoutez »
Vers 1274 : éagle au lieu d’égale
Vers 1276 : Ou au lieu de Où
Vers 1474 : Baupere au lieu de Beaupere
Acte V, Scène III : deuxième réplique Florence au lieu de Ariste
Vers 1513 : courrous au lieu de courroux
Vers 1569 : tient au lieu de tiens
Vers 1723 : m’apelle au lieu de m’appelle
Variabilité orthographique §
Vers 1645 et 1647 goutte est écrit avec un seul t or il prend deux t dans tout le reste de la pièce.
Aujourd’hui s’écrit ainsi soit avec i comme au vers 444 ou un y comme aux vers 625, 655, 917, 1357 ,1760.
Liste des erreurs corrigées : ponctuation §
Nous avons respecté la ponctuation de l’édition originale en corrigeant les erreurs manifestes :
Vers 568 : .Je au lieu de , je On attend à cet endroit-là une rupture forte.
Vers 578 : Et celuy qui reprend ; n’est pas le plus aimé. Le point-virgule marque une rupture forte qui n’a pas lieu d’être ici. On attend à la rigueur une virgule. On a choisi de supprimer le ; pour plus de cohérence.
Vers 921 : honneur. On attend plutôt honneur,
Vers 1230 : Et de plus bien placé : On attend plutôt Et de plus, bien placé :
Vers 1407 : Irénée. La phrase se poursuit sur le vers suivant, il n’y a donc aucune raison de mettre un point. Irénée φ
Vers 1528 : il a duré longtemps. C’est une question, on attend donc un point d’interrogation : Il a duré longtemps ?
AU LECTEUR. §
Je n’aurois jamais fait representer cette Comedie, sans la sollicitation de mes Camarades. Les raisons que je leur alleguois pour m’en dispenser, estoient que je ne la trouvois pas fort divertissante ; que d’ailleurs je n’y trouvois pas ces agrémens, qui d’ordinaire attirent l’aprobation de ceux qui aiment les Ouvrages de Theatre. J’adjoustois encore qu’il y avoit quelque Acte où je ne voyois pas beaucoup de chaleur, et que l’action y languissoit, par la necessité d’instruire le Spectateur de quelque circonstance. Bien qu’ils y reconnussent tous ces deffauts, ils ne laisserent pas de témoigner de l’empressement pour sa representation, et de me la demander avec instance. J’avouë que je me laissay facilement persuader, et que je crûs estre obligé de répondre aux bontez36 qu’ils montroient avoir pour moy. Je l’avois condamnée dés sa naissance à demeurer dans mon Cabinet, pour m’en divertir avec mes Amis ; car à dire le vray j’avois plutost fait cette Piece pour me taster sur ce genre de Poësie, que pour la faire representer. On trouvera icy plus de cent Vers de Satyre et de Morale, qui n’ont point esté recitez, à cause qu’ils y sont un peu hors d’œuvre ; mais que j’ay jugez assez beaux, pour ne pas déplaire à la lecture. Il y en a pour le moins soixante dans la Scene des deux Beaux-Freres au quatriéme Acte, et les autres sont dispersez en divers endroits. J’aurois pû les faire paroistre sur le Theatre aussi bien que dans l’Impression ; mais je n’ay pas voulu m’y hazarder, quoy qu’Horace nous dise,
Interdum speciosa locis, morataque recte,Fabula, nullius veneris, fine pondere, et arte,Valdius oblectat populum, meliusque moraturQuam verfus inopes rerum, nugaeq ue canorae. 37
Quelques-uns ont voulu dire que le principal Personnage ne soustient point son Caractere dans toute la Piece, comme il fait au premier et second Acte : A cela je répons seulement, qu’ils ne l’ont pas bien examiné, et que par tout il a le mesme genie. Il est vray que les affaires de la Scene s’y trouvant differentes, et que les occurrences n’y estant pas si favorables, cette maniere de ne point flatter n’y regne pas si puissamment que dans les deux premiers ; mais il ne se dément point pour cela, au contraire on y voit toûjours paroistre son humeur brusque et franche ; et quoy qu’il agisse suivant les occasions qui se presentent, c’est toûjours dans le mesme esprit, c’est à dire en Amant libre, et qui ne flatte point.
Extrait du Privilege du Roy. §
Par Grace et Privilege du Roy, Donné à Paris le 5. jour de Decembre 1668. Signé, Par le Roy en son Conseil, MARGERET. Il est permis à Charles Sercy, Marchand Libraire à Paris, d’imprimer, ou faire imprimer, vendre et debiter une Piece de Theatre, intitulée, l’Amant qui ne flate point, et ce pendant le temps et espace de cinq années entieres et accomplies, à compter du jour que ladite Piece sera achevée d’imprimer pour la première fois : Et defenses sont faites à toutes personnes de quelque qualité et condition qu’ils soient, d’imprimer, faire imprimer, vendre, ny debiter ladite Piece, sans son consentement, à peine de cinq cens livres d’amende, confiscation des Exemplaires contrefaits, et de tous despens, dommages et interests, ainsi que plus au long il est porté ausdites Lettres.
Registré sur le Livre de la Communauté, suivant
l’Arrest de la Cour du 8. Avril 1653. Le 15. Decembre
1668. Signé, A.SOVBRON, Syndic.
Achevé d’imprimer pour la première fois
le 14. Février 1669.
ACTEURS §
- Anselme, Pere de Lucrece.
- Lucrece, sa Fille.
- Florence, Servante de Lucrece.
- Geraste, promis en Mariage à Lucrece.
- Ariste, Amant de Lucrece.
- Kerlonte.
- Florame, Oncle de Lucrece.
- Lisidan.
- Licaste, Valet de Geraste.
- Philipin, Valet d’Ariste.
ACTE PREMIER. §
SCENE PREMIERE. §
Florence ouvrant la porte.
PHILIPIN
Florence.
PHILIPIN
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
PHILIPIN
PHILIPIN
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
Philipin.{p. 3}
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
PHILIPIN
Florence.
Philipin.
Florence.
Philipin.
PHILIPIN
PHILIPIN
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
PHILIPIN.
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
SCENE II. §
Geraste.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Ma foy, c’est pureAnselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
SCENE III. §
>ANSELME.
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
FLORENCE.
LUCRÈCE.
ANSELME
LUCRÈCE.
GERASTE
LUCRÈCE.
GERASTE
LUCRÈCE.
GERASTE
LUCRÈCE.
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
LUCRÈCE.
GERASTE
LUCRÈCE.
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
FLORENCE.
GERASTE
FLORENCE.
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
GERASTE
ANSELME
ANSELME
GERASTE
ANSELME
SCENE IV. §
Fin du Premier Acte.
ACTE II. §
SCENE PREMIERE. §
Ariste.
Philipin.
Philipin.
Hé, je le sçay de reste ;Ariste.
Philipin.
Ariste.
Philipin.
Ariste.
Philipin.
Ariste.
Philipin.
Ariste.
Philipin.
Ariste.
Quel malheur !Ariste.
Philipin.
Ariste.
Philipin.
Ariste.
Philipin.
Ariste.
Philipin.
Ariste.
Philipin.
Ariste.
Philipin.
Ariste.
Philipin.
SCENE II. §
Florence.
Ariste.
Florence.
Ariste lit. {p. 25,B}
Florence.
Ariste.
Florence.
Ariste.
Florence.
Florence.
Ariste.
Florence.
Ariste à Philipin, apres avoir lu bas la Lettre de Sbroct à Anselme.
Ariste continuë.
Philipin.
Ariste.
Philipin.
Florence.
Ariste.
Florence.
Ariste en allant dans son Cabinet
SCENE III. §
Philipin.
Florence.
Philipin.
Florence.
Philipin.
Florence.
Philipin.
Florence en riant.
Philipin.
Florence.
Philipin
Florence
Philipin
Florence.
Philipin.
Mais dequoy te vas-tuFlorence.
Philipin.
Tu n’as pas lieu de douter de maFlorence.
Philipin la voulant caresser
Florence.
Philipin.
Florence.
Philipin.
Florence.
Philipin.
Florence.
Philipin. Il la prend par la main, elle le repousse
Florence.
Philipin.
Florence.
Florence.
Philipin.
Florence.
Philipin.
Florence.
Philipin.
Florence.
Philipin.
Florence.
Philipin.
Florence.
Philipin.
Florence.
Philipin.
Florence le caressant.
Philipin.
SCENE IV. §
Ariste revenant.
Florence.
Ariste.
Philipin regardant aussi la Lettre.
Ariste.
Philipin.
Florence.
Ariste.
Florence.
Ariste.
Philipin.
SCENE V.[33] §
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
SCENE VI. §
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Non.Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Mais comment est-il fait ?Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Anselme.
Licaste.
Geraste.
Anselme.
Licaste.
Anselme.
Licaste.
Geraste.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Geraste.
Licaste.
Anselme.
Licaste.
Remettons àSCENE VII. §
Anselme seul.
SCENE VIII. §
Lucrece.
Anselme.
Florence.
Anselme.
Anselme.
Lucrece.
Anselme.
Lucrece.
Anselme.
Lucrece.
Anselme.
Florence.
Anselme.
Florence.
Anselme.
Scène IX. §
Florence.
Lucrece.
Florence.
Lucrece.
Florence.
Lucrece.
Florence.
Florence.
Lucrece.
Fin du Second Acte.
ACTE III.. §
SCENE PREMIERE. §
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
La meilleure methodeGeraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
SCENE II. §
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
SCENE III. §
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Anselme.
Licaste.
Anselme.
Geraste.
SCENE IV. §
Ariste bas.
Philipin.
Ariste haut.
Anselme à Philipin.
Philipin.
Anselme.
Philipin.
Ariste saluant Anselme.
Anselme.
Ariste.
Anselme.
Ariste.
Anselme.
Comment ?Ariste.
Anselme.
Ariste.
Anselme.
Ariste.
Anselme.
Ariste.
Anselme.
Ariste.
Anselme.
Ariste.
Anselme.
Ariste.
Anselme.
Philipin.
Anselme.
Philipin.
Anselme.
Ariste.
Philipin.
Ariste donne une Lettre à Anselme.
Anselme.
Ariste.
Anselme apres avoir leu bas.
Florence.
Anselme.
Philipin bas à Ariste.
Ariste.
Philipin.
Le bon Homme est fort embarassé.Florence.
Anselme.
Ariste.
Anselme.
Ariste.
Anselme.
Ariste.
SCENE V. §
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Anselme.
Geraste à Ariste.
Ariste.
Geraste.
Ariste.
Geraste.
Ariste
Geraste
Ariste.
Anselme.
Geraste
Ariste
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Je l’ignore, ou je meure.Geraste.
Geraste.
Ariste.
Philipin bas à Ariste.
Ariste.
Anselme.
Ariste.
Anselme.
Philipin à part.
Ariste.
Philipin bas à Ariste.
Ariste bas.
Philipin bas.
Anselme à Geraste.
Geraste à Ariste, apres avoir un peu resvé.
Ariste.
Anselme.
Philipin bas.
Geraste.
Ariste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Ariste.
Anselme.
Geraste ouvrant celle d’Ariste.
Anselme regardant la Lettre.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste considerant les deux lettres.
Ariste.
Geraste.
Ariste.
Geraste
Rien ; le temps…Ariste.
Anselme.
Geraste.
Ariste.
Philipin.
Ariste.
Anselme appelant sa Fille et sa Servante.
SCENE VI. §
Lucrece.
Anselme.
Philipin à part.
Lucrece riottant.
Anselme.
Lucrece.
Anselme.
Lucrece.
Anselme.
Lucrece.
Anselme.
Geraste.
Ariste.
Ariste.
Oüy, c’est la verité. {p. 59}
Geraste.
Anselme.
SCENE VII. §
Licaste à Kerlonte.
Kerlonte, apres avoir salué negligemment, dit à Anselme
Anselme.
Kerlonte.
Anselme.
Kerlonte.
Philipin bas à Ariste.
Anselme
Kerlonte.
Anselme.
Kerlonte.
Anselme.
Kerlonte.
Anselme à tous deux
Kerlonte.
Philipin bas à Ariste.
Ariste bas.
Anselme.
Kerlonte.
Anselme.
Kerlonte.
Anselme.
Kerlonte.
Anselme.
Kerlonte.
Anselme.
Kerlonte.
Anselme.
Kerlonte.
Anselme à tous deux l’un apres l’autre.
Kerlonte.
Anselme.
Kerlonte.
Anselme parlant à eux
Geraste.
Anselme.
Kerlonte.
Anselme.
Kerlonte.
Anselme.
Philipin bas.
Kerlonte apres avoir parlé bas à Anselme.
Anselme à Kerlonte qui s’en va.
SCENE VIII. §
Philipin bas à Ariste.
Ariste.
Anselme à tous deux.
Anselme continüe.
Geraste.
Ariste.
Anselme
Ariste.
Licaste à Geraste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Anselme.
Geraste.
Ariste.
Anselme. {p. 66}
Ariste.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Ariste.
Anselme.
Ariste prenant Lucrece.
Anselme à Geraste luy touchant dans la main.
SCENE IX. §
Licaste tirant Philipin qui veut entrer chez Anselme.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Ny moy, morbleu.Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Encor ?Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste.
Tu n’es qu’un Fanfaron.Philipin.
Licaste.
Philipin.
Licaste fuyant.
Philipin.
Licaste menaçant de loin.
Philipin allant à luy.
Licaste s’en allant.
Philipin.
Fin du Troisiéme Acte.
ACTE IV. §
SCENE PREMIERE. §
Anselme.
Ariste.
Anselme.
Ariste.
Anselme.
SCENE II. §
Anselme seul.
SCENE III. §
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame grondant.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Non pas à mon avis.Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame se mettant en colère.
Florame.
Anselme.
Florame s’en allant.
Anselme seul.
SCENE IV. §
Anselme rencontrant Lucrèce.
Lucrece.
Anselme.
Lucrece.
Anselme.
Lucrece.
Anselme.
Lucrece.
Anselme.
Florence.
Anselme.
Florence.
Anselme.
Florence.
Lucrece.
Florence.
Florence.
Anselme.
Lucrece.
Anselme.
Lucrece.
Anselme.
Florence.
Anselme.
Lucrece.
Anselme.
Lucrece.
Florence.
Anselme.
Florence.
Lucrece.
Florence.
Lucrece.
Anselme.
Florence.
Anselme.
Florence.
Anselme.
SCENE V. §
Lucrece.
Florence.
Lucrece.
Florence.
Lucrece.
Florence.
SCENE VI. §
Philipin.
Florence.
Philipin.
SCENE VII. §
Lucrece.
Ariste.
Lucrece.
Ariste.
Florence tirant Lucrece, et luy montrant Geraste.
SCENE VIII. {p. 88}
Geraste.
Lucrece bas à Ariste.
SCENE IX. §
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste.
Geraste.
Licaste haut.
Geraste.
SCENE X. §
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
La chose est sans replique.Anselme en appelant Lucrece
Geraste.
Anselme.
SCENE XI. §
Anselme.
Lucrece.
Geraste.
Lucrece.
Geraste.
Anselme en colère.
Lucrece.
Anselme.
Lucrece.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Lucrece.
Anselme.
Geraste.
Lucrece.
Anselme.
Geraste. {p. 95}
Anselme.
SCENE XII. §
Geraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme.
Geraste se mettant en colere.
Anselme.
Eh, Monsieur, sansGeraste.
Anselme.
Geraste.
Anselme s’en allant.
Geraste.
Fin du Quatrième Acte.
ACTE V. §
SCENE PREMIERE. §
FLORAME
LISIDAN
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
LISIDAN
FLORAME.
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
FLORAME
SCENE II. §
PHILIPIN
ARISTE
PHILIPIN
ARISTE
PHILIPIN
Ariste.
PHILIPIN.
Ariste
PHILIPIN
ARISTE
Philipin .
ARISTE
PHILIPIN
ARISTE
PHILIPIN
ARISTE
PHILIPIN
ARISTE
PHILIPIN
ARISTE
PHILIPIN
SCENE III. §
FLORENCE.
ARISTE
FLORENCE.
ARISTE
FLORENCE.
ARISTE
ARISTE
FLORENCE.
ARISTE
Florence.
SCENE IV. §
Philipin arrestant Florence, et la caressant.
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
PHILIPIN
FLORENCE.
Scène V. §
Anselme sortant de sa Maison.
FLORENCE.
ANSELME
FLORENCE.
Philipin à part le premier mot.
ANSELME
PHILIPIN
ANSELME
PHILIPIN
ANSELME
PHILIPIN
ANSELME
PHILIPIN
ANSELME
PHILIPIN
ANSELME
PHILIPIN
PHILIPIN
ANSELME
PHILIPIN
ANSELME
PHILIPIN
ANSELME
PHILIPIN
ANSELME
PHILIPIN
ANSELME
ANSELME
Philipin à part .
ANSELME
PHILIPIN
ANSELME
PHILIPIN
SCENE VI. §
FLORENCE.
ANSELME
PHILIPIN
Florence bas
SCENE VII.[110] §
Anselme seul.
SCENE VIII. §
à Lisidan.Florame. à Anselme
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Anselme.
Florame.
Florame.
Anselme à Lisidan.
LISIDAN
Anselme montrant Florame.
LISIDAN
Florame.
LISIDAN
Anselme.
LISIDAN
Anselme.
Florame à Anselme.
Anselme.
Anselme.
LISIDAN
SCENE IX. §
Geraste à Anselme.
LISIDAN
GERASTE
LISIDAN
LISIDAN
GERASTE
LISIDAN
FLORAME
LISIDAN
ANSELME
LISIDAN
Anselme à sa porte
Scène X. §
ARISTE
ANSELME
ARISTE
Anselme l’amenant par le bras.
Lisidan le regardant.
ANSELME
LISIDAN
PHILIPIN
ARISTE
Florame.
PHILIPIN
LISIDAN
ARISTE
Lisidan à Ariste.
GERASTE
ARISTE
GERASTE
ARISTE
GERASTE
ARISTE
GERASTE
Florame à Anselme.
ANSELME
SCENE XI. §
Lucrèce avant qu’estre sortie.
ANSELME
Lucrèce.
ANSELME
ARISTE
ANSELME
Lucrèce.
GERASTE
ANSELME
Geraste
FLORAME
GERASTE
ARISTE
ARISTE à Anselme.
Florame à Anselme.
ARISTE
ANSELME
ARISTE
ANSELME
ARISTE
ANSELME
ARISTE
Anselme
ARISTE
LISIDAN
ANSELME
Lisidan faisant des ceremonies.
ANSELME
SCENE DERNIERE. §
Anselme.
Kerlonte.
Geraste.
Kerlonte.
Anselme.
Philipin tirant son Maistre.
Florence.
Ariste.
Anselme à Ariste.
Anselme.
LISIDAN
Philipin.
FIN.
Lexique §
Abréviations utilisées : §
A.fr. : Dictionnaire de l’Académie française, 1694.
Fur. : Dictionnaire universel de Furetière.
Rich. : Dictionnaire françois de Richelet.
BIBLIOGRAPHIE §
Ouvrages sur la langue §
Ouvrages du XVIIe siècle §
ACADÉMIE FRANÇAISE, Dictionnaire, Paris, J.-B. Coignard, 1694.
FURETIÈRE Antoine, Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes et les termes de toutes les sciences et les arts, La Haye et Rotterdam, Arnoult et Reinier Leers ; rééed. Paris, SNL-Le Robert, 1978.
RICHELET P., Dictionnaire françois contenant les mots et les choses, plusieurs nouvelles remarques sur la langue françoise… avec les termes les plus connus des arts et des sciences, Genève, J.-H. Widerhold, 1680 ; rééd. Genève, Slatkine reprints, 1970.
VAUGELAS Claude Favre de, Remarques sur la langue françoise, 1647 ; Genève, Slatkine reprints, 2000.
Ouvrages modernes sur la langue du XVIIe siècle §
FOURNIER Nathalie, Grammaire du français classique, Paris, Belin sup, 1998.
HAASE, A., Syntaxe française du XVIIe siècle, Paris, Delagrave, 1935.
[REY Alain dir.], Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Le Robert, 1992 (2 vols.) ; rééd.1998.
Bibliographies §
CIORANESCU Alexandre, Bibliographie de la littérature française du XVIIe siècle, Paris, Centre National de la Recherche Scientifique, 1965-1966 ; rééd. Genève, Slatkine reprints, 1994 (3 vols.)
KLAPP Otto, Bibliographie der französischen Literaturwissenschaft, Frankfurt-am-Main, Klostermann, 1956.
Ouvrages de recensement systématique §
CLÉMENT J.M.B. & LAPORTE Joseph de, Anecdotes dramatiques, Paris, Veuve Duchesne, 1775.
LANCASTER Henry Carrington, A History of Franch Dramatic Literature in the Seventeeth Century, Baltimore, John Hopkins Press, 1929-1942.
LÉRIS A. de, Dictionnaire portatif historique et littéraire des théâtres, Paris, Jombert, 1763.
LEMAZURIER, Galerie historique des acteurs du théâtre français depuis 1600 jusqu’à nos jours, Paris, J. Chaumerot, 1810.
MONGRÉDIEN Georges, Dictionnaire biographique des comédiens français du XVIIe siècle, suivi d’un inventaire des troupes, 1590-1710, Paris, CNRS, 1961.
MOUHY Charles de Fieux, Tablettes dramatiques, contenant l’abrégé de l’histoire du théâtre françois, l’établissement des théâtres à Paris, un dictionnaire des pièces et l’abrégé de l’histoire des auteurs et des acteurs… par M. le chevalier de Mouhy, Paris, S. Jorry, 1762.
PARFAICT Cl. et Fr., Dictionnaire des théâtres de Paris, Paris, Rozet, 1767 (7 tomes).
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Études sur le théâtre, l’esthétique et l’histoire du XVIIe siècle §
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DEIERKAUF-HOLSBOER S. W., Le Théâtre du Marais, Paris, Nizet, 1954-1958 (2 vols.)
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SCHERER Jacques, La Dramaturgie classique en France, Paris, Nizet, s.d., [1950] ; rééd. 2001.
Études sur Hauteroche §
ISLEY Edwin Lewis, Noël Le Breton de Hauteroche, seventeeth-century comic playwright and actor, Ohio State University, 1997 ; Ann Arbor, UMI, 1998.
KARCH Mariel O’Neill, « État présent des études sur la vie de Noël Le Breton, sieur de Hauteroche (1617- 1707), comédien dramaturge, suivi de l’inventaire de ses meubles en 1685 », XVIIe siècle, n° 96, 1972, p. 39-54.
MONGRÉDIEN Jean, « Un acteur-auteur, Hauteroche, XVIIe siècle », Chanteclerc, 17 septembre 1927.
Sitographie §
Gallica, Bibliothèque numérique de la BNF : www.gallica.bnf.fr
Moliere 21 : www.moliere.paris-sorbonne.fr
Observatoire de la vie littéraire :
http ://www.cellf.paris-sorbonne.fr/programme-scientifique/obvil-observatoire-de-la-vie-litteraire