Je tiens à remercier le Professeur Georges Forestier pour avoir dirigé mes recherches avec enthousiasme et bienveillance. Ce fut pour moi un véritable honneur de travailler aux côtés de ce spécialiste du théâtre du XVIIe siècle.
Je tiens également à remercier mes camarades dix-septiémistes : Albane, Alix, Cécile, Erwan, Ismaïl et Julia. Grâce à eux, j’ai découvert la joie de travailler en équipe.
Évidemment, je n’oublie pas Clara, Adélaïde, Victoria et Valentin que je remercie pour leurs relectures. Merci également à Rayan, pour son soutien.
Épris de la belle et vertueuse Isidore, l’Empereur Valentinian découvre les malheurs de l’amour ; son pouvoir et son rang n’ont aucun effet et il doit multiplier les ruses pour arriver à ses fins. Ici commence l’unique tragédie de Gillet de la Tessonerie,
La particularité de La Mort de Valentinian et d’Isidore est d’être une pièce d’inspiration romanesque. Gillet de la Tessonerie a puisé le sujet de sa tragédie au sein du roman-fleuve
Gillet de la Tessonerie, né en 1620, est un dramaturge peu connu – voire inconnu – de nos jours. Ce que nous savons de lui se résume à quelques lignes et n’a pas de quoi fournir une biographie complète et détaillée.
Au total, Gillet de la Tessonerie a produit neuf pièces entre 1640 et 1657 :
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Gillet de la Tessonerie n’était pas uniquement dramaturge. En 1642, il a publié un roman intitulé
Nous avons finalement perdu sa trace après sa dernière comédie, e siècle.
Très peu d’informations nous sont parvenues sur le succès – ou non – de
Seule cette critique négative des frères Parfaict
Selon e siècle. Cela suppose donc une représentation de
Véritable tragédie,
L’apparition du palais à volonté coïncide avec la naissance, au XVIIe siècle, de la notion de l’unité de lieu qui exigeait un décor unique. Pierre Pasquier explique que ce décor pouvait « s’adapter à toutes les périodes historiques et à toutes les aires géographiques »e siècle
Malheureusement, comme l’indique Sophie Wilma Deierkauf-Holsboer dans son ouvrage sur e siècle
Scène I. L’Empereur Valentinian explique à Trazille, un chevalier romain qui fait office de confident, qu’il a fait un rêve qui semble être de « mauvais presage » (vers 1). Honorique, la sœur de l’Empereur, en fait le récit : Valentinian se retrouve seul pendant que le « Palais tremble » (vers 34) et un fantôme entre dans sa chambre. Valentinian lui coupe la parole et prend la suite du récit. L’Empereur a reconnu le fantôme : il s’agit de Maxime qui vient se venger. Valentinian rejette ses angoisses sur l’actuel soulèvement du peuple qui le menace chaque jour mais Honorique suggère que la véritable cause de ses tourments est Isidore. Alors, Valentinian, désespéré, se lamente sur son amour pour Isidore. En plein doute, il s’excuse, auprès de sa sœur, de la situation et des choix qu’il devra faire. Cette dernière le rassure et lui témoigne son soutien. Trazille, au milieu de ses épanchements, rappelle que le réel coupable n’est autre que Maxime mais Isidore arrive à cet instant.
Scène II. L’Empereur déclare son amour à Isidore, la suppliant de le soulager de ses souffrances en acceptant de se donner à lui. La jeune femme le repousse avec vivacité ; elle est en deuil et son cœur appartient toujours à Maxime. Elle accuse Valentinian de la mort de son amant mais l’Empereur se défend. Certes, il l’a fait arrêter dans le but de se marier avec elle mais il ne l’a pas fait tuer. Maxime se serait suicidé en se jetant dans le Tybre. Valentinian termine son discours en proposant à la jeune femme de se consoler avec lui à présent. Isidore le repousse à nouveau et rétorque qu’elle est justement malheureuse à cause de lui. Ils se quittent sur des reproches mutuels.
Scène III. Valentinian se plaint de l’attitude d’Isidore à Trazille et Honorique. Malgré tout, il avoue avoir failli céder face à la tristesse de la jeune femme. Ici, le lecteur ignore encore à quel secret Valentinian fait référence. C’est Honorique qui le dévoile : Maxime est encore vivant, caché après avoir été arrêté par l’Empereur. Trazille appelle Valentinian à être plus vigilant car si Isidore apprend la vérité, elle ne se donnera jamais à lui. Valentinian demande à sa sœur de garder Maxime dans son appartement, sous la surveillance d’Héracle, son serviteur. Trazille intervient à nouveau et suggère que tuer Maxime serait plus sûr mais Honorique s’y oppose. L’acte se termine sur ce désaccord.
Scène I. Valentinian reproche à Isidore de lui rester indifférente. Il devient de plus en plus sévère et la menace d’aller contre sa volonté : « Je doibs me satisfaire et non demander grace » (vers 346). Malgré tout, il tente une dernière fois de la convaincre en lui listant divers arguments qui prouvent qu’elle ne craint rien à lui céder. Parmi ces arguments, Valentinian met notamment en avant le fait que sa femme, Eudoxe, n’est pas une menace. Ce discours se termine sur le fait que Valentinian se serait marié dans le seul but de faire plaisir à sa mère et de ce fait, il n’aurait jamais eu de sentiments pour Eudoxe. Malgré ses efforts, Isidore le repousse encore et avoue même le détester dans une tirade où elle déplore, au passage, l’actuelle situation de Rome, en proie à un tyran. Alors, Valentinian lui propose un marché : elle se donne à lui et il libère Rome de son joug. Isidore refuse car cela n’est qu’une partie du problème et ne le pardonne pas du meurtre de Maxime. Prêt à tout, Valentinian revoit sa proposition : elle se donne à lui et en plus de libérer Rome, il fait revenir Maxime à la vie. La scène se termine sur cette promesse qui paraît impossible aux yeux d’Isidore.
Scène II. Isidore rapporte ce qu’il s’est passé à Alcire, sa confidente.
Scène III. Albin, un Romain, fait entrer Maxime en déclarant : « L’Empereur tient parolle » (vers 626). On assiste aux retrouvailles des deux amants. Isidore désespère d’avoir conclu ce marché avec Valentinian. Il a tenu parole, elle doit donc honorer la sienne et quitter Maxime à peine retrouvé. Ce dernier désire se venger et se range du côté du peuple en pleine rébellion mais Isidore s’oppose à ce projet. Les deux personnages se quittent sur des lamentations.
Scène IV. Phocion, un Romain, vient chercher Isidore pour l’amener près de l’Empereur.
Scène V. Maxime, seul, se désole de la perte de celle qu’il aime mais n’abandonne pas son projet de vengeance.
Scène I. Honorique, inquiète, rapporte les derniers évènements à Trazille. Un homme se serait infiltré au Palais, dans la chambre de l’Empereur, pour le tuer. Les soupçons de la jeune femme se portent sur Maxime. Elle veut forcer son frère à manquer à sa parole pour le protéger. Trazille soutient l’idée inverse, que Valentinian ferait mieux de continuer, pour atteindre son but et conquérir Isidore. Honorique part et Trazille, seul, confie alors son objectif : « destruire Maxime » (vers 821).
Scène II. Honorique chante ses souffrances. Tiraillée, elle veut protéger Valentinian mais est amoureuse de Maxime.
Scène III. Isidore vient demander à Honorique si la rumeur d’attaque contre Valentinian est vraie. Honorique la lui confirme. Suit un dialogue endiablé entre les deux jeunes femmes où Honorique défend son frère et Isidore, la patrie.
Scène IV. Isidore confie ses tourments à Alcire ; elle regrette d’avoir donné sa parole à Valentinian. Sa confidente tente de la rassurer. Le lecteur apprend alors qu’Isidore s’est fait duper lors de la reconnaissance du corps de Maxime car le cadavre portait sa bague (Valentinian l’avait volé à Maxime par le biais d’Héracle). Isidore confie être triste car Maxime a été contre son avis et a essayé de se venger.
Scène V. Isidore demande des explications à Maxime. Il s’excuse et explique avoir agi sous le coup de la colère mais la jeune femme refuse de lui pardonner. Elle lui ordonne de se refaire une réputation en quittant Rome.
Scène VI. Valentinian arrive et accuse Isidore d’avoir envoyé Maxime le tuer. La jeune femme se défend mais l’Empereur ne la croit pas. Il ordonne que son conseil juge Isidore et que Maxime soit tué.
Scène I. Maxime rejoint Isidore avec la complicité d’Honorique (cette aide interpelle d’ailleurs la jeune femme qui conseille à Maxime de se méfier). Isidore ne change pas d’avis et répète à Maxime de partir.
Scène II. Honorique déclare son amour à Maxime, ce qui confirme les soupçons d’Isidore.
Scène III. Valentinian arrive. Honorique apprend que Trazille l’a trahie : il a avoué à l’Empereur que l’homme qui a voulu le tuer n’est autre que Maxime. Valentinian ordonne la mort de Maxime malgré les tentatives d’Honorique pour calmer sa colère.
Scène I. Isidore confie ses angoisses à Alcire.
Scène II. Albin rapporte la mort de Valentinian à Isidore : il a été tué par Maxime. Il conseille alors à la jeune femme de fuir car Honorique est en colère et risque de s’en prendre à elle. D’ailleurs, il raconte qu’Honorique a protégé Maxime des soldats de la garde de l’Empereur. Isidore ne peut se réjouir de ces évènements car Maxime lui a désobéi.
Scène III. Maxime vient présenter ses excuses à Isidore tout en déclarant qu’il a « servy la patrie » (vers 117) mais elle le repousse.
Scène IV. Olimbre, un Romain, annonce que le peuple acclame Maxime de l’avoir délivré.
Scène V. Maxime fait libérer Trazille, qui avait été enfermé par Valentinian, et le pardonne de sa trahison. En échange, Trazille est chargé de faire son éloge auprès d’Isidore. Honorique, désespérée, fuit. Isidore meurt, en proie à de trop fortes passions : la joie d’être libérée du joug de Valentinian mais attristée par les actes de Maxime. Le lecteur apprend au passage que Maxime avait pris du poison avant de tuer Valentinian, dans le but de mourir en héros et par amour pour Isidore. Heureusement pour lui, Olimbre exprime le désir de le sauver (à la fois du poison et de la folie liée à la perte d’Isidore), pour qu’il puisse accéder au pouvoir.
Georges Forestier, dans son e siècle ont été conçues selon un principe de composition régressive.
Cette méthodologie, G. Forestier la fonde en grande partie sur les textes théoriques de Corneille, en expliquant que le dramaturge distinguait deux grandes manières de composer une pièce (la théorie est d’abord fondée sur le genre tragique mais est valable pour toutes les productions théâtrales). D’un côté, la composition par réduction, qui consiste à réduire une matière historique c’est-à-dire à sélectionner des éléments pour fonder l’action principale de la pièce et parmi ces éléments, le dénouement est l’élément clé de la composition. De l’autre, la composition par déduction, qui consiste à déduire la matrice tragique de la pièce directement à partir du dénouement que fournit la matière historique. Alors, la pièce est écrite « à rebours » selon G. Forestier. À cela s’ajoute l’exigence de vraisemblance qui contraint la composition à respecter le plus fidèlement possible le déroulement, s’il est fourni, de la matière historique, selon « un enchaînement logique ou probable de causes et d’effets. »
De ce fait, pour analyser
Nous avons organisé les faits historiques qui ont inspiré Gillet de la Tessonerie pour composer sa tragédie en fonction des différents personnages.
Valentinien III fut déclaré Empereur de Rome en 425 à la suite de la mort de Theodose II, le père d’Eudoxe. Toutefois, il n’a que six ans lors de son avènement et c’est donc sa mère, Galla Placidia, qui s’occupe de sa régence en attendant sa majorité. Il meurt tué par Pétrone Maxime.
Sa femme, Isidore, est violée par Valentinien. Il la vengera en le faisant assassiner, bien que cet assassinat fût, en premier lieu, motivé par une volonté de pouvoir. À la suite de la mort de Valentinien, Maxime prend Eudoxe pour épouse dans le but de légitimer son règne. Cette dernière information est confirmée par le clerc Jordanès dans l’
Eudoxe, ou Licinia Eudoxia, est la fille de Theodose II, qui l’a promise à Valentinien dont elle sera la femme jusqu’à sa mort. Ensuite, elle se marie avec Pétrone Maxime qui a pris le pouvoir.
Isidore restait indifférente aux tentatives de l’Empereur Valentinien pour la séduire. Ce dernier a alors inventé un stratagème, que rapporte historiquement Procope de Césarée : « Il manda Maxime au palais, et joua avec lui une certaine somme d’argent. Quand il l’eut gagnée, il lui demanda son anneau
Honorique, ou Honoria, eut une enfance difficile, maltraitée par son frère. Jordanès écrit à ce sujet : « Cette princesse Honoria était étroitement gardée par les ordres de son frère, qui craignait qu’elle ne manquât aux devoirs de son sexe et ne déshonorât la cour. »
Cette matière historique a été popularisée au XVIIe siècle par le roman-fleuve
Une nouvelle fois, nous avons relevé les différentes informations en fonction des personnages, de manière à comparer l’œuvre de
Isidore : femme de Maxime, jeune fille de la suite d’Eudoxe et aimée par Valentinien.
Dans l’« Histoire d’Eudoxe, Valentinien et Ursace » du livre XII de la partie II de
Valentinien : mari d’Eudoxe, frère d’Honorique et qui aime Isidore.
Son histoire est intacte dans l’« Histoire d’Eudoxe, Valentinien et Ursace » du livre XII de la partie II de
Maxime : successeur de Valentinien et mari d’Isidore.
Son histoire est également intacte dans l’« Histoire d’Eudoxe, Valentinien et Ursace » du livre XII de la partie II de
Eudoxe : femme de Valentinien, amie d’Isidore et amante d’Ursace.
Eudoxe apparaît dans l’« Histoire d’Eudoxe, Valentinien et Ursace » du livre XII de la partie II de
Ursace : chevalier romain amant d’Eudoxe.
Ursace est tombé amoureux d’Eudoxe lorsqu’il était jeune, bien avant qu’elle ne soit promise à Valentinien et cette liaison est une invention d’Honoré d’Urfé. Historiquement, ce personnage n’a aucune importance et n’a laissé aucune trace (peut-être n’a-t-il même jamais existé !).
Honorique : sœur de Valentinien et épouse d’Attila.
Dans l’« Histoire d’Eudoxe, Valentinien et Ursace » du livre XII de la partie II de
Ci-dessous, un schéma récapitulatif des liens entre les personnages dans les deux sources utilisées par Gillet de la Tessonerie pour composer
Dans leur critique de e siècle.
À ce propos, la thèse de Chrystelle Barbillon, « Mode narratif, mode dramatique : l’adaptation théâtrale de fiction narrative au XVIIe siècle en Francee/XVIIIe.
Toutefois, il importe de préciser que l’adaptation théâtrale n’était pas désignée comme telle au XVIIe siècle. Il s’agit d’un terme moderne apparu au XIXe siècle. Pour Gillet de la Tessonerie et ses contemporains, cette pratique d’écriture n’avait donc ni théorie ni règles précises ce qui, de ce fait, portait à confusion et faisait débat. L’adaptation de fiction narrative est une méthode d’écriture complexe qui a produit des œuvres diverses « de la pastorale baroque à la comédie à l’espagnol ou encore à la tragédie unifiée
En effet, cette pratique d’écriture – ou de réécriture – se révèle être multiple, composée à la fois de similitudes entre les œuvres (des « traits immuables » écrit Chrystelle Barbillone siècle : définition de la notion et établissement du corpus d’étude », p. 45.
L’auteur, dans son adresse au lecteur, se défend de son utilisation de la matière historique : « Je nay pas de beaucoup changé cette Histoire ».
La principale différence apparaît être la suppression de l’épisode du viol d’Isidore par Valentinian sans doute par souci de respect des règles de bienséance du théâtre classique. Jacques Scherer, dans son ouvrage essentiel pour les études théâtrales du XVIIe siècle, intitulé
D’ailleurs, dans l’intrigue entre Valentinian et Isidore, Gillet de la Tessonrie a gardé le stratagème de la bague de fiançailles mais d’une manière détournée. Selon les faits historiques repris dans l’« Histoire d’Eudoxe, Valentinien et Ursace », l’anneau de Maxime est utilisé par Valentinien (après l’avoir gagné lors d’un pari contre le jeune homme) pour faire venir Isidore à lui. Voyant l’anneau de son mari, elle prend cela comme un signe de consentement de sa part. Dans
Ensuite, Gillet de la Tessonerie s’est permis de complexifier les tensions entre les personnages puisqu’Honorique est, dans la pièce, amoureuse de Maxime.
Toutefois, à l’inverse, le dramaturge a aussi fait en sorte de simplifier l’action avec la suppression des personnages d’Eudoxe et d’Ursace.
Enfin, la tragédie de Gillet de la Tessonerie se termine avant que Maxime n’accède au pouvoir. Olimbre conclut la pièce en exprimant son désir de sauver le jeune homme. Ce dernier, lors de sa dernière réplique, s’exclame : « Ah ! si jamais j’estois vostre Empereur » (vers 1932). Tout reste encore à faire là où l’« Histoire d’Eudoxe, Valentinien et Ursace » et surtout, les documents historiques, ne laissent aucun doute sur la prise de pouvoir de Maxime.
Ci-dessous, un schéma récapitulatif des liens entre les personnages dans
Nous remarquons ainsi que les relations entre les personnages de Gillet de la Tessonerie se confondent avec celles des personnages d’Honoré d’Urfé et différent de celles des personnages historiques. La matière historique était, manifestement, moins riche en rebondissements que la matière romanesque de
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Par conséquent, pour écrire sa tragédie, Gillet de la Tessonerie a déduit son action principale à partir d’une matière historique elle-même réinterprétée et popularisée au XVIIe siècle par un roman. Le dramaturge a certes modifié certains éléments par souci dramaturgique mais globalement, il respecte la continuité de l’histoire donnée par ces deux sources et c’est pourquoi il se défend, dans son adresse au lecteur : « Je nay pas de beaucoup changé cette Histoire
Nous tâcherons de faire apparaître tous les enjeux de la complexité de
Aristote indique, dans sa
La scène d’exposition au théâtre a la double fonction de donner envie au lecteur de connaître la suite et de lui exposer les « faits dont la connaissance est indispensable à l’intelligence de l’intriguee siècle. Jacques Scherer explique à ce propos que « le confident sert essentiellement à écouter les données de l’exposition qui lui sont communiquées par le héros, en même temps qu’au spectateur
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Selon le Dictionnaire de Furetière (1690), « rêver », littéralement l’action « faire un songe », se traduit par le verbe actif « songer » dont la définition est la suivante : « se représenter quelque chose en dormant ». Quant au songe en tant que substantif masculin, sa définition est multiple. En premier lieu, un songe est fait de « pensées confuses qui viennent en dormant par l’action de l’imagination. » Ensuite, le songe peut être « une vision céleste et surnaturelle ». Enfin, au sens figuré, il s’agit d’« une chose vaine, et qui n’a ni certitude ni durée. » Ainsi, les notions de représentation et de vision (et leur caractère surnaturel) étaient déjà intimement liées aux rêves dans la langue française du XVIIe siècle.
Or, cette scène d’exposition s’ouvre bel et bien sous le signe de la vision : Gillet de la Tessonerie, grâce à la figure de l’hypotypose, nous donne à voir le songe de Valentinian. En effet, l’hypotypose « substitue le visible au lisible, le montré au dit, mais aussi, et c’est l’autre aspect de sa force, les choses aux mots et le vif au peint, énonçant ainsi au sein du style le rêve de la représentatione siècle », e siècle », automne 1996, p. 75-94.
Cette peinture du songe est faite du vers 25 au vers 70. Elle est introduite par une métaphore de l’enfer, un vocabulaire mortuaire et une description sensible où la vue et l’odorat sont sollicités (vers 37 à 41) :
Et comme si l’Enfer eust entre ouvert son goufre Il sent des puanteurs de Bythume et de souffre, Et voit entrer un mort à la lueur d’un feu* Qui rendant un faulx jour tout jaunastre et tout bleu, Esclairoit les objets d’une couleur funeste.
Le caractère surnaturel de la vision de Valentinian (« voit entrer un mort ») se déploie de façon plus vive dans la suite du récit (vers 43 à 70) :
Ce phantosme entrant donc d’un maintien irrité Traisnoit à longs replis un drap ensanglanté, Et cent gros neuds rempans d’une chaisne pesante Faisoient par intervalle un bruit plein d’espouvante, Lors que s’entrechoquant au point qu’il advançoit, Courbé de soubs le fais, luy mesme en fremissoit. En ce triste équipage il approche ma couche, Et d’une main glacée ayant fermé ma bouche, D’une autre descharnée il me serre le bras, Et l’ayant arraché par force hors de mes draps Dessus son estomach le met avec furie, Mais je n’y rencontray* que de la chair pourie, Et pour surcroist d’effroy ce Phantosme inhumain M’a laissé tout sanglant son coeur dedans la main.
Grâce à l’utilisation de l’imparfait, le dramaturge nous plonge au cœur de l’hallucination de son personnage. De plus, grâce aux nombreux adjectifs (treize adjectifs pour quatorze vers : « irrité », « longs », « ensanglanté », « cent », « gros », « pesante », « plein », « courbé », « triste », « glacée », « pourie », « inhumain » et « sanglant ») les éléments prennent vie devant nous dans une description terrifiante. Ces adjectifs tendent d’ailleurs à créer une amplification. Les deux derniers vers de l’extrait forment, dans cette même idée, une hyperbole avec d’une part, le pléonasme « ce Phantosme inhumain » et d’autre part, l’adverbe d’intensité « tout ».
Le récit se conclut sur une surprise (vers 58 à 60) :
J’appuiay fortement mes yeux sur son visage,
Et vis confusement des traits deffigurez
Qui dépeignoient Maxime à mes yeux esgarez
Valentinian est heurté par ce qu’il voit : « vis confusement » et « mes yeux esgarez ». Ironie du sort puisqu’il se trouve en plein rêve…
Toutefois, ici, nous quittons la peinture du songe. C’est le trouble intérieur du personnage qui est dépeint. Ainsi, l’hypotypose est complète avec à la fois une description extérieure (celle du rêve) et une description intérieure (celle des sentiments).
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Cet épisode du songe de Valentinian est à mettre en regard d’autres songes célèbres mis en scène au théâtre au XVIIe siècle.
Tout d’abord, une tragédie contemporaine à
Ensuite,
Enfin, nous pouvons faire un lien avec une troisième tragédie, postérieure à
Nous remarquons ainsi une constante du songe dans le théâtre du XVIIe sièclee siècle. Voir l’article « Le rêve littéraire du baroque au classicisme : réflexes typologiques et enjeux esthétiques »e siècle), 1988/3, p. 213-235. e siècle
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Qu’il soit prophétique ou non, le rêve « fait apparaître des éléments représentatifs de la personnalité du dormeur : il révèle ce que fait, pense, et aime ce dernier, lui permettant parfois de voir ainsi plus clair en lui-même. Le rêve est donc, en réalité, éminemment révélateur », comme l’écrivent Christelle Veillard et Charlotte Murgier
Par le récit de son cauchemar, Valentinian dévoile ses angoissese siècle), 1988/3, p. 213-235.
Tandis que vous aurez un Rival dans l’esprit
Dont l’insolente image à toute heure l’aigrit,
Vous ne pouvez, Seigneur, songer à d’autre chose.
De cette manière, Valentinian apparaît comme un personnage tourmenté dès le commencement de la pièce. Par cette scène d’exposition, le lecteur comprend que l’intrigue se noue (et probablement, se dénouera) en fonction des passions et du destin de Valentinian.
Par conséquent, Gillet de la Tessonerie construit sa scène d’exposition autour d’un triple enjeu. En premier lieu, il donne les clés de la compréhension de son intrigue selon la tradition de la scène d’exposition. Ensuite, grâce au récit d’un songe sanglant, un avertissement est lancé concernant la suite des évènements. Enfin, l’ensemble participe à la caractérisation de Valentinian, héros tragique et éponyme de la pièce
La scène d’ouverture n’est pas la seule scène à effets de
Cet épisode est un écart métrique car il est écrit avec des stances là où l’ensemble de la pièce est écrit en alexandrins à rimes plates (AABB). Les stances sont des vers à rimes variées c’est-à-dire croisées (ABAB) ou embrassées (ABBA). L’ensemble est réparti en strophes inégales, contrairement au reste de la pièce. Ici, Gillet de la Tessonerie utilise des octosyllabes mêlés à des alexandrins dont les rimes sont à la fois plates, croisées et embrassées.
Les stances témoignent, par leur rythme inhabituel, d’une émotion forte qui relève principalement du champ de l’inquiétude et de l’irrésolution.
Tout d’abord, ce chant se construit autour d’une rhétorique négative de l’amour.
De plus, la métaphore du naufrage dans les vers suivants (« sur une mer pleine d’orages », « je ne crains point le naufrage » et « il faut m’esloigner du rivage ») soulève un paradoxe. La jeune femme a bien conscience que l’amour qu’elle ressent est négatif mais d’une part, elle n’a pas peur de souffrir (ceci témoigne de sa vertu héroïque) et d’autre part, elle aimerait être libérée du joug de ses sentiments (ceci témoigne de sa condition de mortelle). Ce paradoxe révèle le dilemme d’Honorique : continuer à aimer Maxime ou non, car cet amour l’empêche de porter secours à son frère. Passage au comble du lyrisme, ce chant dépeint les sentiments d’Honorique avec exagération : « charmant supplice de mon ame », « amour extreme », « ma douleur mortelle » et « mon mal inconsolable ». Ainsi, la difficulté de la situation est mise en avant.
Malgré leur irrégularité, ces stances répondent aux règles de la rhétorique du discours. En effet, Honorique commence son chant par une introduction (exorde) qui met l’accent sur ses sentiments contradictoires (v. 823 à 833). Cette introduction engage
Outre le fait de marquer une pause dans le récit, cet interlude musical permet à Gillet de la Tessonerie de dévoiler les sentiments du personnage d’Honorique – personnage secondaire peu mis en lumière dans le reste de la pièce – et en même temps, de préciser les rouages de l’intrigue.
De la même manière, la mort d’Isidore est à considérer comme une scène à effets à bien des égards. Isidore meurt, dans la scène V de l’acte V, après avoir appris la nouvelle du meurtre de Valentinian. D’une part, elle se sent libérée car l’Empereur a été mis hors d’état de nuire. D’autre part, elle se sent trahie par Maxime, qui n’a pas tenu parole puisqu’il lui avait promis de ne pas se venger. Gillet de la Tessonerie souligne l’ambiguïté de la mort de son personnage dans son adresse au lecteur : « l’Histoire veut qu’elle soit venuë d’un excés de joye […] puisqu’apres le coup funeste dont cette mal heureuse ressentoit un deplaisir mortel, elle ne pouvoit avoir beaucoup de joie ; sans qu’il lui restat quelque chose de la douleur dont elle estoit preocupée ; Mais je la donne en proye à toutes ces deux passions
L’intrigue de la pièce doit se résoudre pour que le dénouement puisse avoir lieu : littéralement, l’intrigue doit se dénouer. C’est un des impératifs du théâtre du XVIIe siècle. Toutefois, ce dénouement est retardé par de nombreux obstacles mis sur le chemin des personnages. Ces obstacles, comme l’explique Jacques Scherer
Néanmoins, Jacques Scherer est formel sur un point : « Le véritable obstacle n’est pas seulement intérieur. Il est double. […] Pour que le conflit soit dramatique, il faut que le héros soit face à deux exigences inconciliables
Isidore meurt au milieu d’un dialogue avec Maxime (vers 1852 à 1898), après l’annonce de la mort de Valentinian. Avant de rendre son dernier souffle, Isidore exprime ses sentiments au cours d’une tirade (vers 1854 à 1891) qui débute par un « Ah barbare ! » lancé à son amant, coupable de ses tourments. Au cours de cette tirade, la jeune femme s’oppose fermement aux actes commis par Maxime. Elle ne voulait pas qu’il se venge de Valentinian et il n’a pas respecté son choix, assassinant l’Empereur malgré elle. Le discours d’Isidore se termine par « Ah destin ! » en écho au « Ah barbare ! » introductif. De cette manière, Maxime apparaît comme celui qui a scellé le destin tragique d’Isidore. La faute est rejetée sur lui (« ton amour est estrange » vers 1855).
Par ailleurs, le jeune homme reste passif face à cette scène et indifférent aux paroles de l’être aimée : « Hé de grace, / Souffrés que l’on vous meine en vostre appartement » (vers 1891 et 1892). Il ne prend pas au sérieux la souffrance d’Isidore en raison de son caractère paradoxal. L’héroïne le souligne elle-même : « une noble foiblesse / Veut que je meure icy de joye, et de tristesse » (vers 1894 et 1895). Les passions, ayant atteint leur paroxysme, ont provoqué l’irréparable d’une façon inattendue.
Olimbre se charge d’annoncer officiellement la mort d’Isidore : « Elle est morte » (vers 1900). Une nouvelle fois Maxime est en marge des évènements. Il ne veut pas croire à cette mort et tombe dans un état de folie.
Cette scène fait donc partie d’un trio de scènes à effets au sein de
Pièce implexe, l’intrigue de
Maxime est à considérer comme le personnage qui incarne la dissimulation dans
« Seigneur, j’aimay Maxime et Maxime n’est plus » (vers 196), « Helas ! Maxime est mort » (vers 209), se lamente Isidore, dans la scène II de l’acte I. « Il est mort trop heureux estant aymé de vous » (vers 228), répond Valentinian. La jeune femme, en deuil, accuse l’Empereur de la mort de son amant. La répétition du prénom de Maxime insiste sur le fait qu’il est le seul qu’elle aime, ne laissant aucune chance à Valentinian. Pour se défendre, ce dernier rappelle les circonstances du décès de son rival : « Il s’est précipité luy mesme dans le Tybre, / D’où plus d’un mois apres en un bord escarté / Ses gens l’ont treuvé mort et vous l’ont rapporté » (vers 218 à 220). L’Empereur serait donc uniquement coupable de l’arrestation de Maxime, pour que ce dernier ne l’empêche pas d’épouser Isidore : « ayant craint que sa jalouse rage / Ne troublast l’heureux jour de nostre mariage / L’ayant tousjours aymé je le fis arrester / Pour le mettre en estat de ne pas m’irriter (vers 213 à 216). »
Toutefois, les choses ne semblent pas être aussi simples. Isidore souligne le fait que le corps de son amant, « enflé de l’eau n’estoit plus connoissable » (vers 222). Est-ce là une preuve de la culpabilité de l’Empereur ou Isidore est-elle simplement en train de perdre la raison, refusant de croire à la mort de celui qu’elle aime ?
Le lecteur apprend la vérité dans la scène suivante (scène III de l’acte I), grâce à Honorique. En effet, lors d’une seconde conversation avec sa sœur et Trazille, Valentinian confie à nouveau ses tourments à propos d’Isidore car il est en plein dilemme. Doit-il tout lui avouer pour soulager sa peine ? Le lecteur ignore de quel secret il s’agit, jusqu’à ce fameux vers d’Honorique : « Sy vous lui descouvrez que Maxime est vivant »
Au cours de l’acte II, Valentinian poursuit dans la voie de sa stratégie pour séduire Isidore. Pour soulager sa peine, il lui promet de ramener Maxime à la vie (scène I, vers 544). La jeune femme promet alors d’aimer l’Empereur si son amant est sain et sauf (vers 578). Cette promesse qui paraît naïve est surtout due au fait qu’Isidore ne croit pas cela possible. Le piège de Valentinian a donc fonctionné. Rempli d’orgueil, il prononce le vers suivant : « Qu’un miracle est possible à quiconque aime bien » (vers 596). Cette maxime
Maxime fait enfin son apparition sur scène dans la scène III. Ce retour se fait sur le mode de la vengeance ; le jeune homme est en colère de la dissimulation qu’il a subie et veut s’en prendre à son bourreau, c’est-à-dire l’Empereur. De ce fait, ici, la dissimulation est un moyen adopté par Gillet de la Tessonerie pour construire – et justifier – la tension entre ses personnages.
Dans la suite de la pièce, Maxime choisit lui-même la stratégie de la dissimulation et de cette manière, il devient actif dans cette esthétique.
C’est d’abord Honorique, dans la scène I de l’acte III, qui rapporte à Trazille les derniers évènements dont elle a été témoin, notamment le fait que l’Empereur s’est fait attaquer au sein même du palais : « Il [Valentinian] s’en alloit entrer quand t’aperceus de loing / Quelqu’un derriere luy tendant l’espée au poing / Je n’eus pas plustost veu cet horrible spectacle / Que je fis un grand cry qui fist trembler Heracle, / Et Valentinian tressaillant à son tour / Se destourne du coup qui le privoit du jour. » (vers 764 à 768). Nous pouvons remarquer qu’ici Gillet de la Tessonerie conjugue les paroles de son personnage selon les temps de la narration (l’imparfait de description, le passé simple à valeur de premier plan et enfin, le présent de narration), rendant le récit de ce coup de théâtre plus vivant.
De plus, le coupable de cette attaque n’est pas identifié. Littéralement, il reste dissimulé. Une nouvelle fois, l’identité de Maxime est instable. L’intrigue va se poursuivre sur ce mystère : qui a essayé de tuer Valentinian ?
Trazille soupçonne Maxime mais Honorique rejette cette possibilité (vers 787 et 788). Isidore, apprenant ce qu’il s’est passé, soupçonne à son tour Maxime. La jeune femme lui demande des explications et, sans détour, il avoue son acte mais tente de la rassurer : « je ne pense pas qu’on ayt pu me cognoitre » (vers 964). Maxime s’appuie lui-même sur la dissimulation pour se protéger puisque son projet n’a pas abouti.
La vengeance de Maxime se réalisera, plus tard, au début de l’acte V. La scène II marque en effet la mort de Valentinian. C’est Octave qui en fait le récit à Isidore (vers 1632 à 1649). Le lecteur apprend que, pour parvenir à ses fins, Maxime a de nouveau utilisé la dissimulation : « tout d’un coup Maxime a paru dans ces lieux / Et sortant de deriere une tapisserie / Plus viste qu’un esclair guidé par sa furie, / Devant qu’on eust le temps de voir son assassin, / Luy plongera par deux fois son fer dedans le sein. » (vers 1645 à 1649).
Maxime reviendra ensuite sur scène en héros ayant accompli son destin (scène III de l’acte V, vers 1708 à 1719) bien que son acte soit passable d’une certaine remise en cause. Maxime s’est certes vengé de Valentinian et par cet acte, il a rendu à Isidore sa liberté mais pour cela, il a agi en anti-héros. En effet, se cacher (et de ce fait, attaquer Valentinian dans son dos) va à l’encontre des valeurs héroïques. Quelle considération peut donc être accordée à cette vengeance ? Nous approfondirons cette problématique lors de l’étude du caractère d’Isidore
Par conséquent, l’esthétique de la dissimulation apparaît comme un des rouages de l’action de
La dissimulation est, rappelons-le, le fait de cacher quelque chose à quelqu’un. Ainsi, Maxime est bel et bien le personnage que l’on cache et qui se cache. En revanche, la dissimulation peut aussi faire référence à un sens plus abstrait ; celui du mensonge.
Il s’avère que presque la totalité des personnages de la pièce utilise le mensonge à différents degrés –seule Isidore ne s’abaisse pas à cette stratégie. Valentinian ment à Isidore concernant Maxime. Maxime lui-même ment à Isidore pour se venger de Valentinian. Honorique ment également à Trazille et Valentinian pour protéger Maxime. Toutefois, c’est Trazille qui incarne le mensonge dans
En effet, les interventions de Trazille dans la pièce sont toutes dédiées à la dissimulation, au mensonge voire à la trahison. Dès le début de la pièce, lors de la scène de confession de Valentinian (scène III de l’acte I), Trazille n’hésite pas à soutenir l’Empereur dans son mensonge à Isidore concernant Maxime (vers 279 à 286).
Ensuite, les didascalies du personnage mettent en évidence le caractère perfide de ses paroles : « bas » (à la fin de la scène III de l’acte I ainsi qu’à la fin de la scène I de l’acte III). Trazille chuchote dans le dos d’Honorique, il complote contre elle et soutient Valentinian. Finalement, Honorique apprendra tout de la bouche de son frère (scène III de l’acte IV) : « Trazile sçait bien que Maxime est coupable. » (vers 1510). « Le traistre » (vers 1511), réagit-elle.
Trazille, dans
***
Une esthétique de la dissimulation, au sens propre comme au sens figuré, est mise au service de la tragédie de Gillet de la Tessonerie. Le dramaturge joue avec les faux-semblants et les apparences, ce qui multiplie les coups de théâtre et complexifie l’intrigue.
Thème omniprésent en littérature, l’amour peut être représenté de deux façons : positivement, en tant que sentiment bénéfique à ceux qui en font l’expérience ou à l’inverse, négativement et ainsi, signe de malheur. Généralement, les auteurs font osciller le point de vue entre ces deux pôles tout au long de leur œuvre, en fonction de la progression de l’intrigue.
Dans
Cette rhétorique négative du sentiment amoureux s’articule notamment par le biais d’un langage contradictoire formé autour d’antithèses et d’oxymores. Valentinian s’exclame : « Qu’Isidore est cruelle. Ah : Qu’elle est vertueuse ! » (vers 98), « Il faut se vanger d’elle. Il la faut adorer » (vers 132), « Ces charmants ennemis. Ces cruels adorables » (vers 141) ou encore, « O Femme, mais plustot, ô Demon plain de charmes ! » (vers 1523). Honorique, en chantant, se lamente : « Charmant suplice de mon ame / Celeste et cruel enchanteur, / Dieu des soupirs, Demon de flame* / Doux Tyran, dangereux flateur, » (vers 823 à 827).
L’amour est, de façon générale, décrit de manière négative par les personnages qui le ressentent. Valentinian évoque une « folle passion », une « foiblesse honteuse » et même, des « trances
De plus, pour l’Empereur, l’amour est signe de possession. Il appelle Isidore « ma Princesse » (vers 427), le déterminant possessif ne laisse rien au hasard ; il la désire pour lui et pour lui seul. Plus tard, Maxime appellera lui aussi Isidore « ma Princesse » (vers 639), se plaçant ainsi en rival de Valentinian. Isidore lui reprochera d’ailleurs cet excès : « Ton amour est étrange » (vers 1855).
Enfin, dans la scène VI de l’acte IV, Valentinian laisse exploser ses passions négatives : « Toutte ma passion s’est convertie en rage, / Mes feux* en desespoir, mes respects en fureur* » (vers 1121 et 1122). Son amour s’est transformé en haine et c’est ainsi qu’il justifie son comportement tyrannique.
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Seule Isidore fait une peinture positive de l’amour lorsqu’elle parle de Maxime (vers 196 et 200) pour la première fois :
Seigneur, j’aimay Maxime et Maxime n’est plus,
Un vertueux amour l’eschauffant de ses flames*
D’une estrainte immortelle attacha nos deux ames,
Et par un ascendant plein de divins efforts
Fist vivre l’une en l’autre et deux coeurs en un corps
Pour la jeune femme, l’amour est un sentiment absolu qui permet de relier deux âmes pour l’éternité. Ces vers ont d’autant plus d’importance puisqu’elle les prononce face à Valentinian pour repousser ses avances. Elle ne peut l’aimer puisqu’elle aime déjà Maxime et ceci est immuable. De plus, elle s’indigne : « Comment parler d’amour et mourir de douleur. » (vers 368). Pour elle, l’amour ne peut être assimilé à autant de négativité.
Toutefois, elle cède et prend part à cette rhétorique négative au moment de sa mort, dans un élan de lamentations : « Idoles criminels, de nos foibles esprits, / Dieux cruels ! mais helas ! où s’emportent mes cris ? / Non : dedans les excés d’un mal inconsolable / Cet aveugle transport » (vers 1884 à 1887). Ses passions ont vaincu sa tempérance. Trop tard, Maxime rejoint Isidore dans son éloge de l’amour : « qu’Isidore a mon ame, Que nous sommes bruslés d’une pareille flamme » (vers 1922 et 1923). Discours au comble du tragique puisque sa bien-aimée n’est plus ; cette déclaration est vaine.
De cette manière, l’amour apparaît dans
Nous remarquons par ailleurs que cette rhétorique négative de la passion amoureuse, pleine de contradictions, intervient notamment dans la première moitié de la pièce ; Gillet de la Tessonerie la met donc au service de la construction de l’action.
Selon Georges Forestier, la tragédie du XVIIe siècle met en scène la « rencontre entre passion amoureuse et nécessités politiques. »
« Ces seditions* frequentes et publiques, / Servent de caution à mes terreurs paniques » (vers 13 et 14) confie Valentinian dans la scène d’exposition. Le pouvoir de l’Empereur est contesté aussi bien par le peuple que par les autres personnages. Cette menace permet de tisser la thématique de la politique autour de la thématique amoureuse comme le suggèrent les règles tragiques du XVIIe siècle.
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Pour garder le pouvoir, l’Empereur estime qu’il ne doit pas montrer de faiblesse : « Mes pleurs dementiront les droits de ma Couronne. » (v. 138). Cette métaphore exprime un désir de puissance mais aussi, une incompatibilité de l’amour avec la politique.
Plus encore, cette incompatibilité se mue en une supériorité du pouvoir sur l’amour. Dans la tirade de Valentinian (v. 329 à 367) au cours de la scène I de l’acte II, cette supériorité est clairement exposée. Son titre est, pour lui, une raison suffisante d’être aimé : « Vous rougissés de voir un prince à vos genoux » (v. 332) lance-t-il à Isidore. De plus, il use de son pouvoir dans sa conquête amoureuse : « N’expliquer mes desseins, qu’en Empereur Romain : / Aprés tant de mespris ma patience est lasse, / Je doibs me satisfaire, et non demander grace » (v. 344 à 346) ou encore « Vous contraindre à donner vostre consentement » (v. 351). Pour lui, l’amour est une question de puissance et doit s’acquérir par la force. Également, ces vers témoignent d’une incompréhension : comment Isidore peut-elle refuser l’amour d’un Empereur ? « Un Trosne offence t’il alors qu’il est offert ? » s’exclame-t-il (vers 372). La vertu de la jeune femme est incomprise par Valentinian, il considère cela comme un excès d’orgueil. Ironiquement, par cette erreur, c’est Valentinian lui-même qui fait preuve d’orgueil. Son pouvoir apparaît alors comme un objet dont il se sert pour arriver à ses fins.
Or, c’est de cette manière qu’Isidore négocie. La jeune femme tente de combattre ce pouvoir. Au-delà du fait qu’elle en subit les conséquences directes, elle se place en descendante des Scipion, victime de l’empire, et se range du côté du peuple (« Et nostre liberté depuis un siecle entier / Est lasse de gemir, et ne peut plus crier » aux vers 459 et 460). Lors d’une tirade à la suite de celle de Valentinian (v. 429 à 468), Isidore réclame la liberté du peuple à l’Empereur en échange de quoi elle se donnera à lui.
Dans la scène suivante (scène II, acte II), Isidore se confie à Alcire à ce propos : « La gloire d’affranchir Rome opressée […] / M’inspire des ardeurs plus fortes que l’amour. » (v. 614 à 616). L’amour est donc repoussé au second plan au profit de l’ambition.
De son côté, Maxime est le rival officiel du pouvoir de Valentinian. Ayant subi le pouvoir de l’Empereur, à la fois dans sa relation amoureuse et personnellement, Maxime veut se venger. Ainsi, lorsqu’il l’évoque, c’est par le biais de métaphores violentes : « C’est un monstre de mer, c’est un barbare » (vers 1322).
Seul Tranzille représente les passions de vengeance et d’ambition à leur paroxysme. Il n’a aucune considération pour l’amour ou quelconque sympathie de cœur : « Va, va, le Throsne seul a faict ma passion, / Et veut que je t’immolle à mon ambition. » (v. 327 et 328).
Par conséquent,
Le dénouement lui-même témoigne d’un enchevêtrement entre amour et politique. La mort de Valentinian a été provoquée par le désir de vengeance de Maxime mais cette vengeance a été motivée en partie par l’amour. Toutefois, la fin de la pièce soulève bien un problème d’ordre politique.
Olimbre, dans la scène IV de l’acte V, s’exprime au nom du peuple et annonce : « le peuple Romain dans son juste couroux, / Se souvient des biensfaits qu’il a receu de vous. » (vers 1788 et 1789). De cette manière, le peuple appelle Maxime à prendre place sur le trône. Cette annonce provoque une suite d’évènements qui dessine le dénouement de la pièce. D’abord, Trazille, qui avait été emprisonné par Valentinian, est délivré par Maxime (vers 1825). Ensuite, Honorique prend la fuite (vers 1830) et enfin, Isidore meurt (vers 1898).
Or, d’après les règles dramaturgiques du XVIIe siècle, le dénouement doit être complet, c’est-à-dire que le sort de tous les personnages doit être scellé.
La pièce se conclut sur ces vers d’Olimbre (vers 1935 à 1937) :
Il faut le secourir tandis qu’il vit encore,
Pendant cette foiblesse il n’empeschera pas
Ce qui le peut sauver des portes du trepas.
Maxime, choqué par la mort de sa bien-aimée malgré son acte héroïque pour la venger et pour sauver le peuple de la tyrannie, perd la raison.
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De cette manière,
Notre étude, pour être complète, doit être attentive à la caractérisation des personnages de
Comme le rappelle Bénédicte Louvat, « le théâtre n’est fait que de discours ».
***
Pour commencer, nous remarquons la prédominance de Valentinian dans ce premier acte. Il se place selon son statut d’Empereur : il est celui qui détient le pouvoir et la parole.
Toutefois, dans la scène II, le temps de parole d’Isidore concurrence celui de Valentinian. Ceci témoigne, dès le début de l’action, de l’opposition entre les deux personnages et de la volonté de la jeune femme de ne pas céder. Nous pouvons y voir une interprétation possible du titre de la pièce. La conjonction de coordination « et » dans
Cette opposition se traduit par ailleurs dans les échanges entre les personnages. La fin de la scène II est construite par le biais de stichomythies (vers 263 à 266) :
VALENTINIAN He quoy vous me quictez au fort de mes douleurs. ISIDORE Quel plaisir prenez-vous à voir couler mes pleurs ? VALENTINIAN Quel espoir donnez vous à mon amour extreme ? ISIDORE Je n’ay rien à donner n’estant plus à moy mesme.
Les stichomythies sont un dialogue composé de brèves répliques de même longueur avec généralement, une réplique par personnage où l’échange consiste à « se renvoyer la balle » Pour approfondir cet aspect, voir Bénédicte Louvat, Ch. 9 « La séduction du spectacle »,
Trazille est, quant à lui, représenté comme un personnage secondaire puisque son temps de parole est le plus faible. Cette représentation est paradoxale car la majorité de ses répliques concerne la stratégie de Valentinian pour anéantir Maxime et gagner le cœur d’Isidore, point d’orgue de l’intrigue.
***
Le personnage le plus présent dans cet acte II est Isidore, qui intervient dans quatre scènes sur cinq. Lors de ses prises de parole, sa détermination et son désir d’opposition sont mis en avant. Elle endosse le rôle de l’héroïne qui veut protéger sa vertu.
Néanmoins Valentinian garde le monopole de la parole, bien qu’il n’intervienne que dans une seule scène (son absence va d’ailleurs durer un moment puisqu’il ne réapparaîtra que dans la scène VI de l’acte III). Cela témoigne d’une part, de la force de l’Empereur et d’autre part, du désaccord entre lui et la jeune femme. Ce désaccord atteint son apogée lors de la scène I, plus particulièrement lors d’une tirade d’Isidore (vers 376 à 404) où, elle décrit ce que Valentinian lui inspire (vers 387 à 392) :
Les Vaultours, les Dragons, les Hydres
Et des sombres cachots, touts les monstres rempants :
Les discordes, l’efroy, le meurtre, les furies,
Le desordre, l’horreur, la mort, les barbaries :
Et tout ce que l’Enfer a de plus odieux,
Est beaucoup plus que toy suportable à mes yeux :
Les juxtapositions qui s’étendent du vers 387 au vers 390 permettent de tisser une métaphore filée de la mort. Isidore fait ici une description négative de Valentinian qui s’apparente à une vision d’horreur voire cauchemardesque, agrémentée d’éléments surnaturels (« Dragons » et « Hydres »). Les adverbes d’intensité « tout » et « beaucoup plus » construisent une exagération qui donnent du poids aux propos d’Isidore et surtout, à son refus. Cette tirade se terminera sur ce vers décisif : « Tu m’aimes, je te hay cent fois plus que la mort » (vers 404). Par cette comparaison Isidore témoigne à la fois de sa colère et de l’impossibilité de la situation.
Le second désaccord révélé par cet acte II est celui entre Isidore et Maxime au cours de la scène III, qui pourtant, correspond à leurs retrouvailles. En effet, l’échange entre les deux amants (vers 637 à 648) est rapide. Ils se coupent la parole et doivent se partager certains vers, avec chacun un hémistiche :
Mais sçais tu plus encor.
[…]
Ah ! que j’ay de douleur.
Ce dialogue traduit un trouble profond des personnages, qui sentent leur destin leur échapper.
Ce deuxième acte se caractérise également par un monologue de Maxime (scène V, vers 725 à 748) où le jeune homme se place en héros tragique. Le monologue au théâtre a plusieurs fonctions
Albin, Alcire et Phocion quant à eux semblent ne pas jouer un grand rôle avec le peu de paroles qui leur sont attribuées. Malgré tout, sans eux, l’action ne pourrait pas avancer. En effet, c’est Albin qui amène Maxime sur les ordres de Valentinian, c’est Alcire qui permet à Isidore de se confier à propos de ce qu’elle ressent et enfin, c’est Phocion qui est chargé d’amener Isidore à Valentinian. Ils ne sont donc pas des témoins passifs.
Par conséquent, ce deuxième acte permet de révéler l’ensemble des rouages de l’intrigue, où la tension grandit, après un premier acte d’exposition.
***
Ce troisième acte, central, permet de mettre en scène les diverses tensions entre les personnages au sein de la pièce. Successivement nous assistons à l’affrontement entre Honorique et Trazille (scène I), Honorique et Isidore (scène III), Isidore et Maxime (scène V) et enfin, entre Isidore et Valentinian (scène VI). De surcroît, Honorique offre un interlude où elle transpose ses tourments en chant (scène II).
L’affrontement entre Honorique et Isidore au cours de la scène III révèle par ailleurs une tension déjà implicitement exposée dans le premier acte où Honorique qualifiait Isidore d’arrogante (vers 82). Une nouvelle fois, pour témoigner de ce désaccord, Gillet de la Tessonerie utilise le procédé de la stichomythie (vers 880 à 906). De plus, le langage des deux femmes se teinte par ailleurs d’une certaine poésie et certains vers se rapprochent de la sentence
On regrette un bienfait quand le mespris esclate.
Le sang des Empereurs ne se repent jamais.
Honorique et Isidore défendent chacune des valeurs différentes puisque l’une est du même sang que l’Empereur tandis que l’autre refuse d’y être associée.
Avec 174 répliques, Isidore est celle qui s’exprime le plus dans cet acte. De cette manière, l’attention est focalisée sur elle et surtout, sur son dilemme intérieur. Au cours d’une de ses réflexions, elle prononce la maxime suivante : « Les Tyrans font les loix et les Dieux sont leurs juges » (vers 1209). Avec ce vers, Isidore se place en porte-parole des Dieux et laisse entendre que le comportement de Valentinian sera jugé tôt ou tard.
***
Dans cet avant-dernier acte, les évènements se succèdent rapidement et se combinent pour bientôt laisser place au dénouement. Par exemple, Honorique apprend la trahison de Trazille (scène III). Le pouvoir de Valentinian est plus que jamais menacé et avec lui, le destin de chaque personnage.
Dans cette tourmente, Maxime détient le monopole de la parole. L’accent est mis sur son désir de vengeance malgré le désaccord d’Isidore. Sa colère se traduit par une arrogance manifeste (vers 1483) :
L’Empereur vient.
Cet excès d’assurance est peut-être à traduire comme un signe de la catastrophe finale.
***
Ce dernier acte signe la mort de Valentinian et ce, dès la deuxième scène. Cette mort est rapportée par Albin en un seul vers, d’un air solennel et presque indifférent (vers 1615 : « Madame l’Empereur vient de perdre la vie. »). Il ajoutera un second vers pour préciser que le coupable n’est autre que Maxime (vers 1618 : « Il a finy ses jours par les mains de Maxime. »). Puis, Octave se charge de faire le récit détaillé du meurtre (vers 1632 à 1649). La parole est donc essentielle puisqu’elle livre les informations nécessaires à l’action.
Ensuite, la scène III place Maxime en héros qui a, à la fois, libéré le peuple de la tyrannie et celle qu’il aime du joug de son rival. Ainsi, il a accompli son destin. Dans sa tirade, Maxime s’exclame lui-même : « Mon destin est remply, mes veux sont achevés » (vers 1708). Toutefois, cette assurance semble déplacée face aux troubles des autres personnages, notamment celui d’Isidore. La jeune femme se lamente, « en soupirant », d’après la didascalie : « Maxime… » (vers 1740). Le dénouement de la pièce se caractérise ainsi par une rupture entre les deux amants qui se traduit par un désaccord insoluble.
La scène IV est, quant à elle, marquée par l’intervention du peuple Romain parlant « d’une commune voix » d’après la didascalie, mais aussi par l’intervention d’Olimbre, qui endosse le rôle de porte-parole du peuple. La victoire contre la tyrannie est annoncée officiellement et avec elle, un changement à venir.
La dernière scène rappelle tous les personnages –sauf Valentinian, évidemment – sur scène pour assister à la mort d’Isidore
***
Après cette analyse, nous pouvons donc considérer que le temps de parole des personnages est conditionné par leur importance dans la pièce. En outre, il apparaît que leur état psychologique influe leur temps de parole qui lui-même influe sur l’action.
Aristote indique, dans sa
Nous allons donc relever les éléments distinctifs de chaque personnage en évitant toutefois de répéter ce qui a déjà été mentionné précédemment.
En tant qu’Empereur, Valentinian est la figure du pouvoir de
Cependant, sa sœur le qualifie d’« esprit enragé » (vers 750). Très vite, Valentinian apparaît comme un héros perdant le contrôle et un souverain excessif. Il confie lui-même : « je sens dans mon ame / Des violents transports* de colere & de flame* » (vers 305 et 306).
Le comportement de Valentinian est à rapprocher de la e siècle, Blaise Pascal a repris cette théorie dans ses
« Il y a de la vertu à s’abstenir d’un bien qui nous plaît » écrit le poète Ovide.
Gillet de la Tessonerie écrit : « je la peins genereuse »e c’est-à-dire vaillante.
Par ailleurs, Isidore agit de la sorte car ce qu’elle désire plus que tout c’est préserver son honneur (« Mon honneur me contraint » au vers 655 ou « vivre en femme d’honneur » au vers 879). Toutefois, cette qualité est à double tranchant et lui fait défaut. « Ah ! c’est trop de vertu » s’exclame sa confidente Alcire (vers 1602) pour la prévenir. Malheureusement, Isidore ne l’entend pas de cette oreille et répond : « ô reproche agreable ! » (même vers). La jeune femme meurt par excès de vertu.
Avant l’apparition de Maxime, Honorique dresse son portrait : « Maxime est eslevé par sa propre vertu » (vers 320), faisant de lui un homme bon. De plus, Isidore le qualifie de « Nostre souverain bien » (vers 374). Le jeune homme apparaît donc comme le contraire de Valentinian. C’est pourquoi Trazille l’appelle le : « Rival » (vers 71). Ce terme est ensuite repris quatre fois
Maxime se positionne lui-même en tant qu’homme fort : « Je vays par un grand coup servir ma renomée » (vers 745). De même, lorsqu’il s’adresse à Isidore, il se comporte tel un chevalier désireux de la sauver : « Je ne sçaurois souffrir qu’un Tyran vous menace » (vers 1258).
Toutefois, cette audace le mènera à l’excès à son tour. Il va, sans s’en rendre compte, agir contre sa bien-aimée et provoquer sa mort. Trop tard, il s’exclame : « ô destin lamentable » (vers 1915).
***
Par conséquent, la caractérisation des personnages principaux de Gillet de la Tessonerie semble répondre à schéma de personnages types. Nous pouvons voir le protagoniste sous la forme d’un homme de pouvoir dont l’
« Il reste encor d’autres choses que les doctes auront la bonté d’excuser, en considerant que s’il n’est rien de parfait en monde : je suis bien esloigné de faire un ouvrage sans defaut », écrit humblement Gillet de la Tessonerie à la fin de son adresse au lecteur.
Gillet de la Tessonerie se place-t-il dans la lignée de la tradition théâtrale du XVIIe siècle dans laquelle il écrit ou s’en éloigne-t-il ? La plume du dramaturge oscille entre un respect des règles de la tragédie du XVIIe siècle et un écart de ces dernières.
Tout d’abord,
Toutefois,
C’est pourquoi il semble impossible de trancher afin de donner une réponse sans équivoque. Ce paradoxe fonde la particularité de e siècle.
Notre modèle de référence est l’édition originale imprimée de
L’édition se présente sous la forme suivante :
[I] Page de titre : LA / MORT / DE / VALENTINIAN / ET / D’ISIDORE / TRAGÉDIE / À PARIS / Chez TOUSSAINCT QUINET, au Palais, / dans la petite Salle, souz la montée de / la Cour des Aydes / MD.C.XXXXVIII / AVEC PRIVILEGE DU ROY.
[II] Verso blanc.
[III-XII] Êpitre à monsieur de Caumartin, conseiller du roy en sa cour de parlement.
[XIII-XV] Adresse au lecteur.
[XV] Errata.
[XVI] Les acteurs.
1-118 La pièce en 5 actes.
[CXIX] Extraict du Privilege du Roy.
Treize exemplaires de cette édition sont conservés dans le monde. Six sont en région parisienne :
Après comparaison, nous avons remarqué une erreur de datation sur le frontispice de chaque exemplaire : il est inscrit MD.C.XXXXVIII au lieu de M.DC.XXXXVIII.
Il s’agit, pour la majorité, de recueils regroupant diverses œuvres théatrâles de la même époque. Seul l’exemplaire conservé à la bibliothèque Mazarine est un recueil exclusivement dédié à Gillet de la Tessonerie où l’on trouve, en plus de
Les sept autres exemplaires sont dispersés à travers la France, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada :
Il existe une édition postérieure de 1656 imprimée à Lyon par le libraire Claude La Rivière, conservée à la Bibliothèque Nationale et dont la côte est RES-YF-3682.
Lors de notre consultation, nous avons remarqué que l’errata de 1648 a été supprimé et que les erreurs ont été corrigées selon les indications de Gillet de la Tessonerie. Alain Riffaud, spécialiste du théâtre imprimé du XVIIe siècle, indique que : « L’absence de l’auteur qui n’a pu voir et corriger les épreuves est un motif toujours ressassée siècle
À ce propos, une erreur importante s’est glissée dans cette ré-édition puisqu’un vers manque à la scène II de l’acte II (« Quand il m’est interdit de faire ce qu’il veut »), sans doute a-t-il été oublié par le compositeur.
D’autres exemplaires de cette ré-édition sont gardés à :
Enfin, une traduction de
***
Notre modèle de référence correspond donc à l’exemplaire de
Nous avons donc corrigé les erreurs relevées par Gillet de la Tessonerie dans son errata. Toutefois, nos corrections ne s’arrêtent pas ici. Nous avons également relevé d’autres erreurs qui sont sans aucun doute, pour la plupart, de simples coquilles du compositeur. Ci-dessous, la liste des erreurs et de leurs corrections, présentée sous la forme suivante « numéro de la page ou numéro du vers :
[IV] :
[V] :
[VI] :
VII] :
[VIII] :
[IX] :
[XI] :
[XI] ; [XII] :
[XIII] :
[XIV] :
[XV] :
Page 1, rubrique personnage :
vers 8 :
vers 15 :
vers 30 :
vers 69 :
Page 6, didascalie :
vers 116 :
vers 124 :
vers 165 :
vers 171 :
vers 216 :
vers 235 :
vers 300 :
vers 302 :
vers 307 :
vers 317 :
vers 336 :
vers 337 :
vers 357 :
vers 372 :
vers 380 :
vers 383 :
vers 388 :
vers 395 :
vers 403 :
vers 404 :
vers 442 :
vers 453 :
vers 472 :
vers 474 :
vers 475 :
vers 510 :
vers 523 :
vers 556 :
vers 576 :
vers 580 :
vers 648 :
vers 689 :
vers 704 :
vers 777 :
vers 786 :
vers 787 :
vers 789 :
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vers 1725 :
vers 1739 :
vers 1758 :
vers 1760 :
vers 1777 :
Page 110, didascalie :
vers 1811 :
vers 1830 :
vers 1852 :
vers 1862 :
Il est important de garder en mémoire qu’au XVIIe siècle, la ponctuation avait une fonction principalement orale.e siècle », e était au service de la déclamation des vers, là où la grammaire moderne a fixé l’utilisation des deux points selon une fonction énonciative qui introduit un élément qui découle de l’énoncé précédent.
Avant correction :
Après correction :
[VI] :
vers 83 :
vers 128 :
vers 139 :
vers 209 :
vers 260 :
vers 265 :
vers 642 :
vers 724 :
vers 817 :
vers 861 :
vers 948 :
vers 1055 :
vers 1073 :
vers 1108 :
vers 1138 :
vers 1186 :
vers 1206 :
vers 1224 :
vers 1357 :
vers 1401 :
vers 1450 :
vers 1522 :
vers 1566 :
vers 1610 :
vers 1663 :
vers 1723 :
vers 1777 :
vers 1820 :
vers 1888 :
vers 1918 :
Également, les règles d’orthographe que nous connaissons aujourd’hui n’étaient pas encore fixées. Toutefois, pour améliorer l’expérience des lecteurs de notre siècle (et les suivants, qui sait ?), nous avons opéré quelques modifications qui uniformisent le texte.
Toujours dans un souci de perfection de la lecture, nous avons défini les termes dont le sens a changé ou disparu. Si le terme est récurrent il est placé dans le lexique disponible à la fin de notre ouvrage et chaque occurrence dans le texte est alors signalée par un astérisque. En revanche, si le terme appartient à un domaine spécifique ou simplement s’il n’est pas répété dans le texte, sa définition est donnée en note de bas de page au moment de son occurrence.
Concernant les références historiques, le lecteur est prié de se référer à la partie qui leur est dédiée au sein de notre introduction générale.
Monsieur,
Apres avoir entrepris ce Poëme, par l’ordre, d’une des plus aimables filles du monde, il est bien juste de ne le donner qu’à celuy que je connois pour un des plus raisonnables de touts les hommes.
Cét ouvrage ne debvoit tomber
En effet je treuve peu de consolations, à l’infortune d’un Amant, s’il ne luy reste un sage et fidelle amy qui prenne le soing d’adoucir l’aigreur de ses pertes.
Il faut que l’ame, apres avoir contracté des atachements violents, s’entretienne par de douces bien-veillances, pour ne tomber pas du faiste
L’estime que nous avons pour les personnes, est une grande disposition, pour nous en faire aimer les conseils* ; et jamais la raison ne nous paroist plus belle, qu’alors que des mains cherisables, prennent le soing de l’ajuster pour nous donner plus d’envie de l’aimer et de la suivre.
L’esprit du sage est comme un Cube qui n’a point de face, sur laquelle il ne se puisse reposer, mais si quelque grand mouvement* [V] l’agite sans cesse, et qui roule sur ses angles avec trop de rapidité, il ne sera pas moings stable, que ce Cercle inconstant, qui sert de baze à la fortune.
Ainsi la confiance, la force, le courage*, la prudence, et la sagesse, sont des faces sur lesquelles nostre ame peut treuver son repos : mais il faut qu’un amy favorable, prenne le soing de luy marquer ce point de tranquillité et d’arester ce grand mouvement*, pour luy procurer une fermeté, qu’elle ne sçauroit se prescrire à soy-mesme.
C’est avec cette connoissance que je vous demande ces genereuses* consolations, que ma disgrace souhaitte de vostre prudence, et de votre amitié.
Je vous ay donné sur mon ame le pouvoir d’en user avec souveraineté ; c’est à vous de calmer ce grand trouble qui l’agite, et de luy desseigner une assiette ferme et constante, sur laquelle elle puisse rencontrer* la douceur qu’elle cherche.
Il n’est point de medecine, dont vous ne [VI] puissiés me corriger l’amertume, en exigeant de moy l’obeissance que je vous ay voüée, et les fortes inclinations que j’ay de vous plaire m’ayant fait treuver de la satisfaction dans les choses qui m’aigrissent, me feront souhaitter mon bien avec plus d’empressement : quand je confidereray qu’il doit estre vostre courage*.
Aussi qui pouroit se defendre d’honnorer avec ces beaux excés un homme, que l’on peut dire tout à fait aimable, ce ne vous seroit pas assés d’avoir l’ame belle, si sa beauté ne se faisoit remarquer sur vostre visage, et si ce miroir ne brilloit des lumieres que cette divine hostesse, luy comunique par sa reflexion.
Je sçay bien que c’est mal faire le panegirique
Pourquoy donc passer sous silence les beautés du front de l’edifice que je veux despeindre, et pourquoy ne vous rendre pas venerable à la posterité, par des marques ou la nature s’est peinée pour vous faire connoistre : et par des tesmoings d’autant plus irreprochables, qu’ils parlent sans pouvoir estre corrompus par la flaterie ou par la complaisence.
Je sçay bien que vostre modestie souffre ces verités avec repugnance : mais pour ne treuver point mes loüanges suspectes, songés auparavant que de m’escouter, si vous avés quel-[VIII]quefois recognu que j’aye vendu mon estime, si mon esprit par des sentiments mercenaires, s’est abaissé jusqu’à de serviles contraintes, et s’il s’est fait des violences qui fussent indignes des nobles eslevations d’un coeur genereux* ; Vous aurés plus aisement de la complaisance pour vousmesme, et croyrés avec plus de facilité le bien que je vous diray de vous, quand vous considererés que l’interest ne m’a jamais fait ouvrir la bouche, que je n’ay jamais vendu ma liberté à la fortune, et que la main qui vous presente cét ouvrage n’a point esté deshonnorée par les recompences, qui suivent d’ordinaire toutes ces Epistres dedicatoires je puis donc maintenant sans estre soupçonné de mensonge descrire ces rares qualités, qui vous ont rendu le suiet de mon admiration et j’advouë qu’il seroit mal aisé d’en faire le tableau, s’il falloit des couleurs, qui fussent aussi brillantes que l’objet qui me doit servir de modelle.
Il est peu d’hommes qui dans une grande [IX] jeunesse ayent pû combatre avec tant de force desprit, ces impressions dangereuses, qui par un sang bouillant, sollicittent la nature à des foiblesses, qui sont incompatibles avec les grandes ames.
Vous avés treuvé de la moderation dans les plaisirs ; de la temperance dans les voluptés, et du courage* dans ces nobles servitudes, où le respect et la nature nous engagent aupres de ceux de qui nous tenons la vie.
C’est un prodige de vous voir si peu d’age, et tant de vertus, de nous faire admirer une force d’ame extraordinaire en un corps si delicat, et c’est un sujet digne d’employer ma plume, de vous despeindre chargé des moissons de l’estude, et de vous faire voir riche de ces nobles recoltes, en un temps où les autres n’ont eu qu’à peine le loisir de semer.
Les entretiens familiers, et secrets que nous avons ensemble, vous ont fait parestre ce que vous estes. C’est dans sa maison que chacun ne se feint plus, et que quittant ces [X] gravités
C’est dans ces moments de retraitte, que j’ay pris plaisir à vous observer, et que je vous ay veu tousjours le mesme ; Vostre prudence n’a point eu de revolution qui se soit dementie, et dans les divertissements si je ne vous ay veu avec cette froide temperature, que vostre sagesse vous demande en allant au Pallais, au moings je n’ay jamais pû vous remarquer avec un enjoüement qui vous rendit incapable d’y retourner à l’heure mesme.
La lecture des bons livres, est le divertissement que vous prenés pour donner relasche aux desnouements penibles des affaires que vous voyés.
Ces desmellése siècle, la graphie -és correspondait à la graphie -ez. On peut d’ailleurs constater, dans notre texte, l’alternance entre ces deux désinences. La ré-édition de 1656 a opté pour une uniformisation en -ez mais nous avons choisi, pour notre présente édition, de laisser -és afin témoigner des fluctuations orthographiques de l’époque.
Ne voullant descrire que les attributs qui vous sont particuliers, je ne veux point icy parler des personnes considerables, qui composent vostre famille, ny vanter les grandes charges, les honneurs, et les belles actions, qui les ont glorieusement signallés par toutte l’Europe, abhorrant la flaterie ; Je veux bien advoüer qu’il est des maisons illustres comme la voste : mais je ne puis celer qu’il n’est point d’homme à vostre âge, qui se puisse vanter d’estre aussi vertueux que vous ; Ce ne seroit pas toutefois assés de ce que nous en voyons, s’il ne nous restoit encor d’infaillibles presages, d’une grandeur [XII] plus esclatante, qui pour se faire parestre, n’attend plus que ces experiences, que l’on ne peut avoir que par les faveurs du temps, et l’inportunité des années. Alors les grandes charges vous esleveront en un rang, que vous scaurés acroistre par vostre prudence, et maintenir par vostre adresse. Nous nous verrons mettre en pratique, ces belles leçons de Politique, et de Morale, et si mon genie est assés fort, apres avoir chanté les triomphes de vostre jeunesse, pour publier les merveilles d’un âge plus consommé, je n’auray plus rien à desirer que la continuation d’une vie, qui me sera si chere, et l’occasion de vous tesmoigner par la perte de la mienne, à quel point je suis,
MONSIEUR,
Vostre tres-humble, et tres-obeissant, serviteur
GILLET DE LA TESSONERIE
Quelque-uns de nos Maistres ont rendu les misteres de la Poësie si communs, qu’un Escholier hors de la Grammaire, et qu’un Artisan par la lecture de quelques advis au Lecteur, veulent entrer dans nos secrets, et produisent au jour des ouvrages inutiles qui font deshonneur aux honnestes gens qui se meslent d’écrire : de sorte que pour ne point rendre raison aux ignorans de l’Hepizode de Valentinian, ny du fabuleux que j’ay meslé dans cet ouvrage, je leur declare icy que je ne veux, si j’ay failly demander ma grace, qu’à ceux qui sont capables d’instruire mon procés, ou ne dire mes raisons qu’à ceux dont je revere
Valentinian fust tué par Maxime pour avoir forcé Isidore, et ce coupable Empereur estant mort, cette genereuse* femme, meurt d’un saisissement qui luy prend à la veuë de ce spectacle.
Je nay pas de beaucoup changé cette Histoire, puisque j’ay fait que Maxime tue Valentinian, et qu’ayant à rendre cet Empereur possesseur d’Isidore, pour empescher de rougir le Theatre, j’ay peint cette jouissance avec des couleurs honnestes et modestes.
Pour Isidore en se voyant contrainte, de s’abandonner à Valentinian, estant circonvenuë
Pour la mort d’Isidore, l’Histoire veut qu’elle soit venuë d’un excés de joye, qui pourroit bien souffrir une interpretation tout autre que celle que l’on luy donne, puisqu’apres le coup funeste dont cette mal heureuse ressentoit un deplaisir mortel, elle ne pouvoit avoir beaucoup de joye ; sans qu’il luy restat quelque chose de la douleur dont elle estoit preocupée ; Mais je la donne en proye à touttes ces deux passions, qui se voulant establir avec trop de violence, se destruisent elles mesmes, en perdant le sujet, sur lequel elles vouloient exercer leur Tyrannie.
Je ne fais point sortir Isidore de son caractere, puisque je la peins genereuse*, et qu’avec la joye de se voir vengée, elle a le deplaisir de perdre celuy qui la vange, et meurt par l’exceds de ses passions.
Pour Maxime le poison que je luy fais prendre n’altere point l’Histoire, et l’estat auquel il reste n’empesche point qu’il ne puisse estre Empereur, puisque la langueur qui luy prend à la catastrophe de la piece, loing d’estre un effet de la mort n’est qu’une foiblesse plus causée par sa douleur, que par le venin lent, qu’il a pris dont on le peut guerir par du contrepoison, comme le declarent ceux qui l’em-[XV]meinent, qui l’eussent obligé d’en prendre, si son transport n’eust esté le maistre de sa raison, et ne leur eust deffendu de se servir de ce remède.
Il reste encor d’autres choses que les doctes auront la bonté d’excuser, en considerant que s’il n’est rien de parfait en monde : je suis bien esloigné de faire un ouvrage sans defaut, n’ayant encor acquis que le desir d’aprendre à les imiter. Adieu, pardonnez les fautes d’impression qui sont exessives, et que je n’ay pû corriger pendant mon absence.
SCENE II
[XVII]
Par grace et Privilege du Roy, donné à Paris le 9 novembre 1648. Signé, par le Roy en son Conseil, Le Brun. Il est permis à Toussainct Quinet, Marchant Libraire à Paris, d’imprimer ou faire imprimer, un Livre intitulé Quinet, ou ses ayant causes sous peines au contrevenant et de trois mil livres d’amande, confiscation des Exemplaires, et de tous despens dommages et interests, ainsi qu’il est plus au long porté par lesdites lettres.
DE LA TESSONERIE, Gillet,
DE LA TESSONERIE, Gillet,
CORNEILLE, Pierre,
DE LA TESSONERIE, Gillet, http://bibdramatique.huma-num.fr/gillet_deniaise).
DE LA TESSONERIE, Gillet, http://bibdramatique.huma-num.fr/gillet_triomphedespassions).
L’HERMITE, Tristan,
RACINE, Jean,
ARISTOTE,
ARISTOTE,
DE SCUDÉRY, Madeleine,
OVIDE,
CIORANESCU, Alexandre, e siècle
KLAPP, Otto,
ACADÉMIE,
FURETIÈRE,
GODEFROY,
HUGUET,
LA CURNE,
MORERI, Louis,
PARFAICT, François et Claude & D’ABGUERBE Godin,
SANCIER-CHATEAU, Anne, e siècle
RICHELET,
CATACH, Nina,
FOURNIER, Nathalie,
NARJOUX, Cécile,
RACINE, Jean, « Lire Racine » dans
RIFFAUD, Alain, e siècle
DEIERKAUF-HOLSBOER, Sophie Wilma,
LACROIX, Paul,
LANCASTER, Henry Carrington,
PARFAICT, François et Claude,
PASQUIER, Pierre éd.,
PASQUIER, Pierre & SURGERS Anne, e siècle
CORNEILLE, Pierre,
FORESTIER, Georges,
FORESTIER, Georges,
FORESTIER, Georges,
FORESTIER, Georges,
LOUVAT, Bénédicte,
SCHERER, Jacques,
DUMORA, Florence, « Entre clarté et illusion : l’enargeia au XVIIe siècle », e siècle », automne 1996, p. 75-94.
FORESTIER, Georges, « Le rêve littéraire du baroque au classicisme : réflexes typologiques et enjeux esthétiques »e siècle), 1988/3, p. 213-235.
PELCKMANS, Paul, « La Prémonition et ses à-peu-près dans le théâtre de Tristan L’Hermite »,
VEILLARD, Christelle & MURGIER Charlotte, « Introduction : Rêve et imagination : approches antiques »,
BARBILLON, Chrystelle, e siècle en France
DAVID, Hélène, e siècle, ou la mise à l’épreuve du sujet et de ses limites : l’exploration des confins
DUMORA, Florence, e siècle
e-18e siècles de Sorbonne Université et du CNRS.
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e-20e siècles
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e siècle
Disponible sur